lundi 4 octobre 2010

En attendant de plonger dans le lac Malawi à Nkhata Bay…

Nous quittons Lilongwe le dimanche 26 septembre en direction de Nkhata Bay, au nord du pays, sur les rives du Lac Malawi. C’est ici que nous passerons quelques jours au bord du lac. Les propriétaires de notre hôtel à Lilongwe ont également une école de plongée à Nkhata Bay et la principale raison pour laquelle nous sommes venus au Malawi est pour plonger dans le lac, censée être la meilleure plongée en eau douce du monde. Pour rejoindre Nkhata Bay, nous devons d’abord prendre un bus vers Mzuzu, la « grosse » ville du nord. Cela nous prend un bon moment et nous n’y arrivons qu’à 17 heures, bien plus tard que prévu. Pour une fois, nous décidons d’être raisonnables et de ne pas pousser plus loin. Nkhata Bay n’est qu’à une heure de plus en minibus, mais cela veut dire que nous y arriverons de nuit et nous ne voulons pas de nouveau devoir monter la tente de nuit. Nous trouvons donc un hôtel à Mzuzu et y plantons notre tente dans le jardin. Nous y trouvons deux bonnes surprises : un chiot de 4 mois prénommé Rocky avec qui nous pouvons bien jouer et un anglais prénommé Andrew qui peut nous déposer à Nkhata Bay le lendemain. Pas besoin de prendre le minibus ! Dans la soirée, nous retrouvons également un italien que nous avions rencontré au parc de South Luangwa en Zambie et qui a un parcours proche du nôtre. Il a un peu plus de temps devant lui cependant et va s’aventurer dans les montagnes Malawiennes. Cela nous aurait tenté d’y randonner un peu, mais nous comptons maintenant les jours qui nous restent et préférons garder plus de temps pour la Tanzanie.

Nous partons donc avec Andrew le lendemain matin, lundi 27 septembre, en direction de Nkhata Bay. Avant de venir au Malawi, Andrew était avocat dans une banque d’affaires à Londres. Il avait vécu en Australie et à Hong-Kong et était ensuite rentré dans la City à Londres. Pendant ce temps il a fondé sa petite famille qui l’a suivi dans ses périples. Un chemin qui pourrait bien ressembler au nôtre plus tard… Et puis un jour il a craqué – la crise de la cinquantaine. Il est parti il y a 9 mois pour une ONG anglaise s’occuper d’un parc national au nord du Malawi. Il a maintenant un style capillaire très contestable, porte les mêmes vêtements pendant des semaines et malheureusement semble très porté sur la bouteille. Il est toujours seul dans son parc, et a maintenant décidé de mettre un terme à cette expérience à la fin de l’année. C’est un homme très gentil et intéressant, qui nous a beaucoup fait réfléchir à ces changements de carrière auxquels nous pensons peut-être. Le sien est clairement un peu trop radical à notre goût !!!

Andrew nous dépose dans un hôtel à Nkhata Bay où nous montons la tente, directement face au lac. La situation est idyllique. Il n’y a pas vraiment de plage à proprement parler, mais plein d’endroits où se relaxer et on peut se baigner dans le lac. DSC06037 Clairement le rythme de vie ici est très lent et les autres clients de l’hôtel ne font pas grand-chose de leurs journées ! De notre côté, nous sommes « bloqués » ici pour trois jours car l’école de plongée n’a pas d’instructeur disponible avant le jeudi. Nous décidons donc d’attendre et de vivre un peu au rythme africain en profitant aussi du temps libre pour rattraper notre retard sur le blog. Après notre premier après-midi farniente au bord du lac, nous partons dîner dans la ville de Nkhata Bay. Encore une fois, il n’y pas grand-chose à y voir. Nous y arrivons vers 18h et la ville grouille de monde, entre le marché et le ferry hebdomadaire qui est censé arriver au port dans la soirée (il n’en repartira en fait que le lendemain matin à 9h…). Nous dînons, sur les bons conseils d’Andrew, dans un restaurant thaïlandais (positionnement unique dans la bourgade) et retrouvons avec plaisir nos green curry et chicken satay.

La journée du mardi 28 septembre est tout aussi calme que la précédente. Nous avions envisagé d’emprunter le canoë de l’hôtel pour partir faire un pique-nique un peu plus loin sur le lac, mais le lac est bien plus agité que la veille et de grosses vagues se sont formées. Nous espérons que cela va se calmer car ce ne sont pas de bonnes conditions pour la plongée. Nous partons en ville en fin de matinée pour y déjeuner et optons pour un restaurant local, où nous mangeons comme d’habitude du riz, du nsima et du poulet. Vraiment, nous ne sommes pas convaincus par la nourriture locale… Natacha aimerait profiter du temps libre pour se faire faire des tresses, mais on lui conseille d’attendre après la plongée pour ne pas les abîmer en mettant la tête sous l’eau. Nous rentrons donc à l’hôtel pour profiter d’une après-midi relaxation au bord du lac. Panorama Big Blue StarLe lendemain, mercredi 29 septembre, nous avons du mal à affronter une nouvelle journée de « rien », contrairement d’ailleurs à nos compagnons de l’hôtel qui passent tristement leurs journées à boire des bières devant la télé. Nous retournons donc déjeuner en ville, cette fois avec Andrew et dans un restaurant un peu mieux que celui de la veille. Ensuite nous empruntons un kayak biplace du club de plongée ainsi que de l’équipement de snorkelling et partons nous promener sur le lac. Il y a encore pas mal de vent et quelques vagues se sont formées, ce qui rend la sortie en kayak un peu plus sportive. SAM_1301 Nous réussissons néanmoins à poser le kayak dans un endroit un peu plus calme et sautons à l’eau avec masque et tuba. La visibilité est médiocre mais nous trouvons pas mal de petits poissons sous l’eau. Espérons que la visibilité soit meilleure pour notre plongée du lendemain ! Dans la soirée nous avons commandé au chef de notre hôtel un butterfish grillé. C’est un des deux poissons principaux du lac, avec le chombo. Il nous est finalement servi cuit à la poêle mais c’est quand même très bon. Nous regardons ensuite un documentaire intitulé Le Cauchemar de Darwin, que nous pensons d’abord traiter de l’introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria en Tanzanie et l’impact que cela a eu sur l’écosystème du lac. C’est en fait un documentaire qui traite des maux de l’Afrique en utilisant la perche du Nil comme catalyseur. Ainsi, nous suivons la vie qui évolue le long du lac Victoria, à Mwanza en Tanzanie, et comprenons petit à petit comment toutes les perches du Nil pêchées partent en fait vers l’Europe dans des avions cargo russes ou ukraiiens. De ces mêmes avions arrivent depuis l’Europe des armes qui servent à alimenter les conflits africains récents (Angola, RDC ex-Zaïre, Rwanda, etc.). Les pilotes qui passent  quelques jours à Mwanza alimentent le réseau de prostitution local. La plupart des prostituées, poussées jusque là par la mort de leur mari et la découverte de leur séropositivité, contaminent ainsi les pilotes avec le Sida.  Et en parallèle, une famine s’annonce en Tanzanie car les locaux n’ont le droit qu’aux carcasses de poissons et pas à la chair, réservée aux supermarchés européens. Le style de réalisation du documentaire est volontairement « caméra à l’épaule » et cela le rend un peu longuet, mais dans l’ensemble il dépeint une vision de l’Afrique assez tragique et malheureusement certainement très réaliste. Ce n’est certes pas très joyeux, mais il est aussi nécessaire dans le voyage de comprendre certaines choses des pays que l’on traverse et ne pas retenir uniquement le côté parc naturel du continent quand celui-ci est rongé par le Sida, la corruption et les conflits armés.

Nous nous réveillons le jeudi 30 septembre prêts à plonger après ces trois jours d’attente. Nous savons que la divemaster ne rentre finalement qu’aujourd’hui de vacances et non hier comme prévu, mais espérons quand même qu’elle trouvera du temps pour nous emmener découvrir le lac. Nous partons une nouvelle fois déjeuner en ville avec Andrew, et retournons cette fois-ci au restaurant KayaPapaya dans lequel nous avions dîné le premier soir. Nous passons ensuite au club de plongée et avons la mauvaise surprise d’apprendre que la divemaster vient seulement de rentrer au club à l’instant. Elle est évidemment fatiguée du voyage car elle vient directement d’Angleterre, et nous comprenons bien vite qu’elle ne nous fera pas plonger aujourd’hui. Nous sommes très déçus, et aussi un peu embêtés car elle n’est même pas certaine de pouvoir nous y emmener le lendemain du fait de réservations antérieures. Attendre samedi pour plonger remettrait en cause notre itinéraire tanzanien car nous commençons maintenant à devoir sérieusement compter les jours qui nous restent. Heureusement, elle nous confirme dans la soirée que nous pourrons faire deux plongées la journée suivante, une de jour et une de nuit. Ouf ! Cela ne décalera donc que d’un jour notre itinéraire. DSC06057Le grand jour arrive donc vendredi 1er octobre. Après cinq jours de rien, ce qui ne nous ressemble guère, nous allons enfin être un peu actifs. Nous retrouvons Kate, notre divemaster, en début d’après-midi pour un briefing sur le lac et les conditions de la plongée. Les deux particularités sont que nous sommes en altitude (470m) et que nous plongeons en eau douce. Les deux éléments sont de grandes premières pour nous. C’est bien, nous essayons de nouvelles choses ! Finalement, cela a peu d’impact sur la plongée en elle-même, si ce n’est un changement de flottaison et le temps minimum en surface à respecter entre deux plongées mais nous n’entrerons pas dans les détails techniques. Nous partons donc pour la première plongée de jour avec le petit bateau du club de plongée. Nous naviguons pendant à peine trois minutes et arrivons ensuite quasiment au même endroit que là où nous avions fait du snorkelling deux jours auparavant. Nous plongeons à quatre, avec Kate et son mari. Une fois sous l’eau, nous sommes un peu inquiets car de nombreuses micro-algues flottent sur une couche de deux mètres sous la surface réduisant ainsi la visibilité. Heureusement, une fois dépassés les 5 mètres de profondeur, la visibilité s’améliore un petit peu (sans toutefois devenir parfaite, loin de là). Kate nous a expliqué pendant le briefing que les poissons que nous pouvons observer dans le lac sont des Cychlides, des poissons qui intéressent beaucoup les scientifiques grâce à leurs facultés d’adaptation. Ils illustrent à merveille les théories de Darwin ! Nous observons ainsi deux comportements très intéressants : d’abord les Mouthbreeders, ces poissons femelles qui transportent leurs petits dans leur bouche. Nous avons pu voir trois ou quatre de ces poissons, à chaque fois entourés d’une trentaine de leurs minuscules bébés. Lorsque la femelle sent un danger approcher, elle prévient ses petits qui se regroupent et elle les absorbe alors en plusieurs bouchées. Après la première fournée, elle prend le temps de bien « ranger » ses petits dans sa bouche puis revient pour ceux qui n’ont pas réussi à embarquer du premier coup. Assez fascinant ! L’autre comportement que nous avons observé concerne des poissons qui mangent en nageant à l’envers. On les trouve  sous les roches, là où aucun autre poisson ne venait manger. Ils ont donc commencé à nager la tête en bas, ce qui leur permet de pouvoir attraper les petites algues sur la roche. Malin ! Nous remontons après 45 minutes, ravis de cette première plongée, si différente de celles que nous avons pu faire auparavant.

Pour la seconde plongée, de nuit, nous avons droit à un briefing par Sir David Attenborough lui-même. Pour ceux qui ne connaissent pas cet homme que nous vénérons, il est la voix de tous les documentaires animaliers de la BBC. Un peu comme un Nicolas Hulot anglais, en plus vieux et moins fou. Lorsque la BBC a réalise un reportage sur les lacs d’eau douce, une équipe est venue passer trois mois à Nkhata Bay pour filmer le monde sous-marin du lac Malawi. Tout cela dans le même club de plongée que celui où nous sommes en ce moment ! Nous sommes donc d’autant plus excités par cette plongée de nuit, surtout que c’est seulement la deuxième que nous faisons après celle que nous avions faite pour notre diplôme PADI en Egypte. Nous nous mettons donc à l’eau avec tout notre matériel et nos torches et partons sur le même site que pour la première plongée, même si évidemment de nuit nous n’en reconnaîtrons aucun endroit. Nous observons très vite et en masse des poissons dauphins (dolphin fish) qui chassent la nuit. Ce sont des poissons assez gros (1 mètre environ), tout gris et avec un long nez pour pouvoir manger les petits poissons cachés sous les roches. Ils se déplacent en groupe et ne semblent vraiment pas impressionnés par notre présence : ils sont partout et très proches de nous. Heureusement qu’ils sont inoffensifs ! Nous apercevons également trois espèces de poisson chat (le « normal », très gros – jusque 3 mètres - et tout gris ; l’ « Africain », plus petit et tout noir et enfin le « Squeaker », beaucoup plus petit et marron). Kate nous montre aussi une crevette rose du lac. En fin de plongée, nous nous amusons à éteindre nos torches pour voir à quel point…on ne voit rien ! C’est une sensation unique, assez magique. On s’imagine au fond d’un abysse alors que nous ne sommes qua quelques mètres de profondeur.

Nous aurons donc finalement eu nos deux plongées et en sommes ravis. Cela valait sans aucun doute la peine d’attendre. Les fonds du lac Malawi nous ont offert des plongées complètement différentes de celles en pleine mer. Le lac mérite donc amplement sa réputation.

Nous passons notre dernière soirée à Nkhata Bay, que nous ne sommes pas mécontents de quitter finalement. La plongée aura été fantastique, mais nous nous sommes sentis un peu bloqués ici pendant trop longtemps, sans rien à faire. La bonne nouvelle est que nous aurons eu le temps de mettre à jour le blog ( !), mais si nous avions su que nous attendrions si longtemps nous aurions probablement exploré une autre partie du pays en attendant… Il est maintenant temps de nous attaquer à la dernière étape du voyage : la Tanzanie.