mercredi 10 février 2010

Le bout du monde / The end of the world

Une fois rentrés à Puerto Natales, nous mettons le cap le lendemain matin à 7h pour Ushuaia, un nom magique. A notre grand regret, il n’existe pas de bus de nuit car il faut passer la frontière Chili/Argentine et le poste n’est pas ouvert 24h/24. Le trajet est relativement court avec « seulement » 12h mais un tel trajet en plein jour semble plus long. On a en plus l’impression désagréable de perdre une journée…non que ce soit crucial sur un an de voyage mais quand même !
Notre récompense durant ce long trajet fut de pouvoir observer de magnifiques paysages immenses et quasi désertiques, peuplés de moutons et de Guanacos. En passant le détroit de Magellan nous avons même pu observer de nombreux dauphins qui venaient sauter le long de la coque du bac sur lequel notre bus passait. Erreur de débutants : nous n’avions pas nos appareils photo à proximité…

Back in Puerto Natales, we head to Ushuaia – just the name makes you dream… There is no night bus because we need to cross the border between Chile and Argentina, and you can’t do that in the middle of the night! That means that despite having a “short” travel time of only 12 hours, it does seem quite long when it’s during the day, and you kind of lose one day – not that it matters when you’re traveling for a whole yearJ
During the journey we can enjoy huge empty landscapes with only some sheeps and guanacos. We even crossed the Magellan Strait, where a few dolphins came around the boat on which our bus was crossing. What a beginner’s mistake: we did not bring our cameras outside to take pictures!

Trouver une chambre à Ushuaia en cette période de vacances en Amérique du Sud est bien compliqué. Grâce au site http://www.hostelbookers.com/, nous parvenons à réserver une chambre dans un B&B tenu par une famille très gentille dont la femme parle parfaitement le français car son père était français! Lorsqu’on les avait appelés pour réserver, ils nous avaient dit que tout était complet. Or le site nous web nous permettait de réserver en ligne directement. Nous avons donc pris le risque de réserver avec le site pour pouvoir arriver au B&B et jouer la carte de la bonne foi (nous n’avions pas d’autre plan, tout était complet). C’était le bon coup à jouer car en arrivant nous avons vu un autre couple de touristes se faire dire que c’était complet…alors que nous avons été accueillis car nous étions attendus grâce à notre réservation en ligne ! Nous ne savons pas vraiment comment la famille s’est débrouillée, mais depuis lors, nous utilisons ce site très souvent pour nos réservations d’auberges !!

It’s been a struggle to find a hotel room in Ushuaia because this is Argentinean school holidays when we arrive, so everything is full. Our guidebook was recommending a very nice B&B – which told us they were full when we called – and using www.hostelbookers.com (our favorite website nowadays!), we managed to secure a room and avoid crawling around Ushuaia trying to find a place to sleep!

Ushuaia est vraiment au bout du monde. A 55° de latitude sud, c’est la dernière terre habitée avant l’Antarctique…enfin c’est ce que disent les cartes postales car en réalité, de l’autre côté du détroit de Beagle – à nouveau côté chilien donc – se trouve une petite bourgade de pêcheurs …et de militaires. Près du port se trouve un panneau indiquant les distances avec certaines autres grandes villes : nous sommes à plusieurs milliers de kilomètres de n’importe où, que ce soit en Europe, en Asie ou en Océanie. L’Antarctique est peut-être la plus proche des destinations qui figurent sur le panneau : 1000 petits kilomètres…

Ushuaia is really at the end of the world. Located at 55° south it is the last inhabited piece of land before Antarctica. Technically, a fishing hamlet and army baraques on the Chilean side of the Beagle channel is the most southern inhabited spot…but well it it were to be known this would destroy the marketing advantage of Ushuaia! By the harbour is it pole with directions and distances to cities around the world from Ushuaia. Everywhere be it Europe, Asia, Oceania is thousands of miles away. Antarctica is the closest place just 621.5 miles away.

Cela nous entraîne alors dans un rêve de croisière de dernière minute : et si nous trouvions sur place des billets pas (trop) chers pour partir découvrir ce continent qui nous attire tant ? Nous commençons alors à rendre visite à tous les vendeurs de croisière, dont certains sont spécialisés dans les dernières minutes. Des bateaux partent quasi-quotidiennement à cette saison, mais les cabines sont rares car certaines personnes réservent leur croisière plus d’un an à l’avance. D’autres gens comme nous posent les mêmes questions, certains reviennent pour la énième fois revoir la même personne pour demander si une place s’est libérée depuis la veille… Un jeune français nous dit qu’un moyen de partir est de se faire prendre comme équipier sur un petit voilier. Mais nous n’avons pas vraiment d’expérience à revendre, et puis il faut être prêt à attendre au moins 3 semaines sur place avant de trouver la bonne opportunité. Sinon, le prix des rares cabines disponibles dans les gros bateaux commencent à $3000 par personne pour 10 jours – et puis les départs ne sont pas tout de suite donc ne correspondent pas à la suite du programme, ça nous mettrait en retard pour le reste. Nous décidons donc à contrecœur de renoncer et d’être raisonnables. Cela nous aura quand même permis de faire une étude de marché des croisières proposées – sachez que la plupart ne vous permettent pas de voir les manchots empereurs qui ne sont présents que sur quelques îles. On se console en se disant qu’il aurait été dommage de dépenser $3000 pour en plus ne pas voir l’animal roi de l’Antarctique ! De nouveau nous repartons avec une belle idée de prochain voyage en tête – nous ferons notre croisière Antarctique un jour ou l’autre, c’est certain.

The short distance leads to nourish the dream of a last minute trip, what if we could get excellent bargains and take a cruise to this place we dream of? We start to tour the agencies specialized in last minute tickets to Antarctica. Cruiser leave Ushuaia nearly every day at this time of year which is the peak season to visit. But available beds are really hard to find when people usually book their cabin up to a year in advance. We meet people like us in the agencies, asking the same questions, coming back every day to check whether some space freed up overnight... On the docks, we meet a young French guy telling us that from time to time – once a month or so - spaces for sailors free up on smaller sailing boats. The thing is we wouldn’t mind but what can we offer to do on a ship…we can’t skip the boat and we cannot wait in Ushuaia for such a long time.
The occasional bed that frees up on large cruiser of up to 150 people are up for grab for USD 3000 for a 10 days trip that would not leave before mid-January which is anyway far too late for our schedule. Sadly we realize that Antarctica is not for this time. And as our understanding of what the cruises were offering we also realized that just a handful would have allowed us to see Emperor Pinguins, and probably not at this time of year. So we would not have been ready to pay a hefty price and not even see the king of the place! One thing is for sure: we’ll go the Antarctica. At the end of the day, we did not waste our time even if we did not find the deal of the century. What we did is start to organize the trip to Antarctica, in a few years down the road!


Nous décidons donc de partir découvrir les activités que propose Ushuaia, en commençant par une excursion à la journée en bateau sur le détroit de Beagle, qui nous emmène voir une colonie de cormorans, une autre de lions de mer et enfin une dernière de pingouins sur le chemin de l’Estancia d’Haberton, un ancien ranch construit pas un missionnaire anglais venu évangéliser les « sauvages » locaux. Le point fort de la journée est… (Vous ne serez pas surpris) la colonie de pingouins de Magellan! Ils sont d’abord très nombreux et en plus très curieux – s’approchant du bateau venu s’échouer sur leur plage au point de le toucher, et nous regardant en se demandant qui nous sommes et ce que nous venons faire là (même si le bateau vient les voir 2 fois par jour tous les jours…). Les petits sont déjà bien grands à cette saison et nous avons assisté à quelques prises de bec, un autre trait commun de la colonie. La visite de l’Estancia en elle-même a un intérêt limité (jolie maison à l’anglaise, petit jardin travaillé avec beaucoup de lupins et quelques beaux arbres endémiques de la Terre de Feu dans le parc) mais elle abrite un petit musée qui se révèle être un vrai joyau : une équipe de scientifiques bénévoles étudie les restes des cétacés venus s’échouer sur les plages de la Terre de Feu – un musée sponsorisé par la Fondation Total, on dirait que quelqu’un essaye de racheter sa conscience... Ils exposent certains squelettes dans la pièce principale du musée et l’une d’entre eux nous explique la différence entre les dauphins, les baleines à fanons et les autres baleines. Nous nous rendons assez vite compte de l’ampleur de notre ignorance à ce sujet et de la richesse et de la diversité du monde marin, que cette belle collection illustre à merveille. Dans le jardin, nous pouvons même observer deux autres scientifiques en action en train de nettoyer les restes d’une baleine (attention aux odeurs de friture de graisse pourrie de baleine !). Le retour sur Ushuaia se fait en bus et non en bateau, et nous nous arrêtons en chemin dans un élevage de chiens de traîneau. C’est l’été et ils ne travaillent donc pas, mais les propriétaires de l’endroit nous expliquent comment le fondateur a importé la pratique en Terre de Feu (allant jusqu’en Alaska pour apprendre à musher) où les quantités de neige et les reliefs s’y prêtent particulièrement. Malheureusement pour nous pas de traîneau sur roues… Une bonne session de caressage et papouillage de gros chiens est tout de même toujours agréable (surtout pour Natacha) !

We therefore decide to go and explore what Ushuaia has to offer (other than Antartica). We start with a boat trip on the Beagle Channel, with stops to see shags, sea lions & penguins with the final destination being the Harberton Estancia, an old ranch built by an English missionary to Christianize the indigenous population. As you would have guessed, the highlight of the day for us was the Magellanic penguins. First of all there were hundreds of them, but there were also very curious, coming very close to the boat which anchored on their beach and looking at us wondering who we were and what we were doing here (even though this boat comes there twice a day everyday…). Chicks were already quite big, and we also saw some territorial fights which seem to happen a lot between them. Then we went for the estancia, which in itself does not have much interest (nice English house, pretty garden with lupins and a few endemic trees from the Land of Fire in the park), but which houses a wonderful tiny museum dedicated to the study of remains from cetaceans who died on the beaches of the Land of Fire – this is sponsored by the Total Foundation, as if someone was trying to clean their conscience... A team of volunteer scientists lives and works there and one of them took us through a tour of the museum where we could see skeletons of most of the cetaceans and start to understand the difference between dolphins and the different types of whales – we soon realized how ignorant we were on that matter and how rich and diverse the cetacean world is! Outside we could also witness other volunteers cleaning the remains of a whale – careful with the smell of frying dead whale’s fat! On the way back (by bus) we stop to visit a dig sledging centre. Because it’s now summer time, the dogs are not actually working (unfortunately they don’t do dog-sledging on wheels in this centre…) but we still get explanations on how the founder introduced this sport to the area, going as far as Alaska to learn the musher skills. That’s also the occasion for Nat to enjoy some stroking and cuddling with big dogs!

Le lendemain (mercredi 6 janvier), nous partons pour le parc national de la Terre de Feu à vingt minutes en bus d’Ushuaia pour y faire une randonnée. Le premier chemin que nous empruntons nous mène vers une ancienne colonie de castors – c'est-à-dire un vrai cimetière d’arbres. Nous avions aperçu de telles colonies de loin la veille mais nous sommes maintenant confrontés à l’ampleur du phénomène. Des castors du Canada ont été introduits au début du siècle pour le commerce de leur fourrure. Cependant, le climat de la Terre de Feu – aussi rigoureux qu’il soit – n’est en rien comparable aux étendues glacées du Canada. En conséquence les castors y font plus de gras (pesant jusqu’à 25kg soit 2 à 3 fois plus qu’au Canada) et moins de fourrure, ce qui la rend inexploitable. Pour les castors, la Terre de Feu est en revanche un nouvel eldorado et ils s’y reproduisent rapidement découpant la forêt petit à petit. La Terre de Feu étant une île, le fléau reste contenu. Le reste de la balade nous fait découvrir une petite famille de Steamer Ducks qui ne vivent qu’en Terre de Feu et une famille d’Oies de Patagonie.

The next day (Wednesday 6th Jan) we head for the National Park of the Land of Fire, 20 minutes away by bus. There are some nice walks there and the first one we do takes us through an old beavers’ colony – i.e. a trees’ cemetery. We saw similar colonies the previous day but from quite far – we’re now able to understand the damage they cause. Beavers were initially introduced from Canada for their fur. However, Patagonian climate – as rough as it can be – still remains mild compared to that of Canada which makes the beaver grow more fat and less fur. That means the fur cannot be exploited and beavers have found a new paradise in the Land of Fire, mating and spreading very quickly. During the rest of the walks, we were also able to enjoy the sight of a Steamer ducks family with 3 ducklings (those ducks only live in the Land of Fire and another family of Patagonian Geese with 5 chicks.


Ushuaia est notre première étape en Argentine, étape très attendue d’un point de vue culinaire car qui dit Argentine dit viande rouge délicieuse et vin rouge. Nous avons donc inauguré notre première Parilla (restaurant de grillades au feu de bois) à Ushuaia. Toutes ne sont pas bonnes mais rares sont celles où la viande est vraiment mauvaise. Il nous a fallu plusieurs essais pour comprendre les subtilités de cuisson de la viande. Par défaut, elle sera toujours apportée trop cuite. S’agissant des spécialités de la mer, les eaux froides qui bordent la Patagonie permettent de pêcher de très bons crabes appelés Centolla (araignées de mer) et quelques bons poissons, en particulier le Bar Noir (Merluza Negra) dont la chair est excellente !

Ushuaia being our first stop in Argentina, we expect a lot from the food. And by food we really mean red meat and red wine! We therefore enjoyed our first ever Parilla (barbecue restaurant). Not all of them are good despite what we believed and it took us a while to understand how to order the meat cooked – by default they will overcook it anyway. We also tried sea food specialty, the best ones being Centolla (king crab) and Merluza Negra (black sea bass), both wonderful and very different from what we know.