dimanche 21 mars 2010

Le Pantanal, la plus riche réserve de faune du Brésil

Après notre visite du parc d’Iguazu sur la frontière argentino-brésilienne, notre prochaine étape va nous emmener au Brésil proprement dit. Nous prenons donc un bus depuis Foz do Iguazu jusque Campo Grande, porte d’entrée du Pantanal. C’est notre premier bus brésilien après plus d’un mois de bus argentins et le choc est rude : il n’existe pas de catégorie Cama (ou très rarement), le bus s’arrête toutes les heures (avec lumières allumées) et les gens sont très très bruyants. Rien à voir avec la qualité et le confort du côté argentin !

Nous arrivons tout de même sains et saufs à Campo Grande où nous nous attendons à rencontrer une horde de rabatteurs d’agence de voyage en recherche de clients. Quel surprise en découvrant un terminal de bus neuf, moderne mais… vide. Nous trouvons finalement une agence de voyage qui nous propose un séjour de 4 jours et 3 nuits sous tente dans une ferme du Pantanal. Sûrs de nous, nous refusons de signer avant de pouvoir comparer leur offre à celle des concurrents, mais nous découvrons assez vite qu’ils ont le monopole du marché… Les choses s’expliquent par la suite : le terminal où nous étions arrivés avait été inauguré il y a 5 jours seulement et les agences n’avaient pas encore eu le temps de relocaliser leur bureau depuis l’ancien terminal…

Nous partons donc en expédition pour 4 jours avec cette agence, avec pour compagnons d’aventure un couple d’anglais d’une trentaine d’années, en tour du monde eux aussi, et un autre couple d’israéliens, en vacances pour 3 mois en Amérique du Sud. Le voyage jusqu’au lodge nous a paru interminable (il a duré quand même 6 heures) sous une chaleur de 35° et à changer de véhicule 3 fois au cours du voyage… D’abord en mini-bus puis en camion/pick-up et enfin en tracteur pour le dernier kilomètre, seule façon de traverser les chemins les plus inondés. En effet, à cette période de l’année, tout le Pantanal est sous les eaux ! C’est une zone marécageuse qui est inondée 6 mois par an, de décembre à juin. Nous sommes finalement arrivés au lodge Santa Clara en fin de journée du vendredi 5 février, et nous avons découvert un endroit très agréable, avec même une petite piscine ! La formule que nous avions réservée nous offre un logement en tente, ce que nous trouvons d’abord assez excitant dans un lodge en plein milieu d’une réserve animalière. La première nuit nous a cependant très vite fait comprendre que les tentes manquent cruellement d’air conditionné et qu’il est très difficile (voire impossible) d’y trouver le sommeil…Il y fait 39°C et l’hygrométrie avoisine les 90% !

1 2 Le lendemain matin, samedi 6 février, nous nous réveillons malgré tout très excités par notre première journée dans le Pantanal. Nous avons brièvement rencontré notre guide la veille au soir et il nous a expliqué le programme des jours à venir (notre première impression ne fut pas des meilleures quant à son professionnalisme après qu’il ait dû s’y reprendre à plusieurs fois avant de nous établir un programme cohérent, alors que les activités sont les mêmes pour tous les groupes…). La première activité de la journée est la pêche au piranha, ce qui peut sembler très excitant au premier abord, mais qui nous laissait plutôt perplexe car le commentaire du guide la veille à ce propos avait été : « il ne sert à rien d’essayer de pêcher un piranha en ce moment car le niveau des eaux est trop haut et les chances d’en attraper sont infimes ». Allez savoir pourquoi cette activité était malgré tout restée au programme… Le lieu de pêche se trouve sur l’ancien terrain de camping du lodge (notre terrain de camping est en fait un nouveau terrain car l’ancien a été complètement inondé). Il est amusant d’observer les chaises longues, parasols et autres baby-foot les pieds dans l’eau… Comme nous le craignions, la pêche n’est pas fructueuse et nous abandonnons tous assez vite, chacun notre tour (Fred étant sans surprise le dernier à abandonner…). Pour nous remonter le moral, notre guide nous propose alors de faire du « tubing », c’est-à-dire se laisser emporter par le courant de la rivière agrippés à une chambre à air de pneu de tracteur. L’activité est nouvelle pour nous, quoique peu aventureuse, et compense en partie notre pêche infructueuse. Ca nous permet aussi de nous « rafraichir » quoique la température de l’eau soit bien supérieure à 25°C sous le soleil ardent du Brésil!

3 4 Après le déjeuner, nous expérimentons notre premier orage tropical. Nous avons tout juste le temps de ranger nos affaires hors de la tente pour nous garantir une nuit sèche avant que l’orage n’éclate vraiment. Malheureusement pour Fred il est trop tard – il se fait piéger par les trombes d’eau pendant qu’il transportait les affaires en lieu sec, il est tout mouillé. Du coup il plonge dans la piscine sous la pluie– après tout, trempé pour trempé… Une fois l’orage terminé, nous sommes prêts pour la seconde activité de la journée : la ballade en bateau. C’est de loin la plus réputée de toutes (et à raison comme nous allons le découvrir). Nous apercevons dés le début et avec grande facilité nos premiers caïmans. La seule ombre au tableau est qu’ils se trouvent à l’endroit même où nous essayions d’attraper des piranhas plus tôt ce matin… Il est certainement préférable que nous ne découvrions cela qu’après avoir traîné ici les pieds dans l’eau ou alors nous n’aurions probablement pas accepté de participer à l’activité (sans parler du « tubing » où nous nagions en fait en plein milieu des caïmans… notre guide nous explique alors que les attaques envers les Hommes sont rares et que pour les provoquer, il faut littéralement marcher sur un caïman !). Le tour en bateau nous permet aussi d’observer quelques singes en liberté – ce qui est finalement assez rare (en tout cas pour nous) et ce qui nous rend tous les deux très heureux, à les voir ainsi jouir de la forêt à leur gré, contrairement à ceux que nous avons l’habitude de voir dans des zoos. Nous avons même la chance de voir une maman et son bébé ! Enfin, il va sans dire que nous observons un nombre inimaginable d’oiseaux pendant cette ballade, notamment de nombreux martins-pêcheurs.

5 6 7 De retour au lodge, l’aventure n’est pas terminée. Nous découvrons en effet très vite que l’endroit est en fait une arche de Noé : ils récupèrent tous les animaux abandonnés ou blessés à cause des inondations. Les derniers rescapés sont un bébé daim et un bébé armadillo. Inutile de vous dire qu’ils deviennent très vite les coqueluches du lodge… Nous recevons également la visite de deux magnifiques aras rouge (le père et le fils), très dociles et clairement habitués aux humains. Un peu plus sauvage, un toucan fait également son apparition pour la plus grande joie des photographes. Enfin, le lodge abrite également une famille de pécaris (petits sangliers sauvages) apprivoisés qui traînent autour des tentes et qui ont très vite déniché la boîte de chocolats Dalloyau rapportée par Marylise et Gilbert depuis la France. Heureusement que nous étions là pour sauver les chocolats ! Clairement, ces sangliers ont du goût !

9 10 11 Après une deuxième nuit légèrement meilleure que la première car l’orage a fait baisser la température de quelques degrés, nous nous levons aux aurores pour un jeep safari. Nous ne savons pas encore que notre groupe s’est agrandi aujourd’hui d’une famille brésilienne (les parents et leurs 2 enfants) ce qui veut dire du retard et du bruit (les agences touristiques conseillent aux étrangers de ne pas voyager au Pantanal avec des brésiliens car leur bruit fait fuir la faune sauvage…). Effectivement ils arrivent plus d’une demi-heure en retard au rendez-vous (quand il est 7h du matin, ça fait une différence…) et ils n’arrêtent pas de parler pendant tout le tour en jeep… Heureusement le bruit de la jeep est tel que les animaux étaient déjà partis avant qu’on arrive de toute façon ! Nous avons quand même pu observer encore quelques caïmans (jacaré de leur petit nom brésilien), des caipibara (énormes rongeurs présents en Amérique du Sud), une bande de coatis, des armadillos, un troupeau de pécaris sauvages (plus dangereux selon les locaux qu’un jaguar car en groupe ils ne craignent pas l’Homme et n’hésitent pas à charger) et encore plein d’oiseaux. Evidemment ce que nous attendions tous (en plus du majestueux jaguar), c’était de voir un anaconda. Malgré nos efforts pour en apercevoir un, nos recherches ont été infructueuses… Les guides disent que les cinq animaux les plus difficiles à apercevoir sont le jaguar, l’anaconda, le tapir, le fourmilier et le puma. Nous n’en aurons vu aucun… La ballade en jeep, sur la seule route praticable de la région (du fait des inondations) a été bien éprouvante car les conditions de la route étaient très difficiles et nous sommes tous bien contents de rentrer au lodge même si nous aimerions encore voir plus d’animaux…

12 13 14 Après un peu de repos et un bon déjeuner, le même scénario que la veille se produit avec un gros orage tropical qui éclate sur les coups de 15h. Il a l’air plus violent cette fois et nous nous abritons à l’intérieur du bâtiment principal après avoir évacué toutes les tentes. Après 10 minutes nous ressortons et assistons à un spectacle incroyable : l’orage a été si violent qu’il a renversé un gros arbre en plein milieu de lodge, juste au bord de la piscine. Heureusement il n’y a pas eu de gros dégâts (autre qu’une coupure d’électricité prolongée), mais il est difficile de croire que l’orage ait pu abattre cet arbre si rapidement…

15 Remis de nos émotions, nous partons en ballade à cheval au milieu des champs inondés. Les chevaux sont très dociles, évidemment se bagarrent un peu entre eux mais rien de trop, et surtout nous permettent de nous approcher plus près des animaux sauvages qui sont bien moins craintifs des chevaux que des humains. Pour ajouter un peu de piment, nous « naviguons » à cheval puisque les chevaux ont de l’eau jusqu’au ventre, et donc nous les étriers dans l’eau ! Tout cela rend le moment très agréable, sans parler des magnifiques paysages dont nous pouvons profiter bien plus paisiblement qu’en jeep !

16 Notre dernière nuit au lodge ne sera pas en tente car l’orage a été bien trop violent pour le terrain de camping et nous sommes donc tous relogés dans l’urgence dans les dortoirs disponibles. Nous nous réjouissons d’abord de ce nouveau « luxe » de dormir avec l’air conditionné mais déchantons lorsque nous découvrons que notre chambre se trouve juste en face du groupe électrogène qui va tourner toute la nuit puisqu’il n’y a plus d’électricité… De toute façon la nuit sera courte car nous avons décidé de nous lever à l’aube pour observer le lever du soleil. Avant de nous coucher, nous partons avec notre guide et nos torches observer les caïmans qui rodent. L’avantage des inondations c’est que nous n’avons pas besoin de marcher loin avant d’en trouver. Il est amusant de les voir de nuit car nous ne voyons en fait que leurs deux yeux jaunes brillants qui reflètent la lumière de la torche. Les eaux qui entourent le lodge ne sont pas infestées de caïmans mais il ne nous faut guère plus de 5 minutes de recherches pour voir le premier !

17 18 Au petit matin (5h45…) nous partons pour une marche de 2h au lever du soleil. Nous observons alors beaucoup de daims sauvages, des ñandus (sorte d’autruche), une famille de singes et aussi un petit serpent vert fluorescent qui s’échappe quasiment sous nos pieds à notre passage. A notre retour au lodge à 8h, le soleil est déjà très chaud et nous profitons de nos derniers moments dans les hamacs disposition. Avant notre départ, nous faisons le plein de faune avec une séance photo avec le bébé daim, un faucon apprivoisé qui vient manger dans les cuisines et le ara rouge résident. Notre beau séjour au Pantanal s’achève par la vue d’un couple de aras bleus qui nous saluent alors que nous prenons la route du retour.

8192021