vendredi 18 décembre 2009

Huayna Potosi - 6088m...

Sitôt rentrés de la route de la mort, nous enchaînons le vendredi 11 décembre sur 3 jours de trek avec pour objectif de gravir le Huayna Potosi (6088m) le matin du troisième jour. Là encore, de nombreuses agences de La Paz proposent ce trek qui, sans être une simple promenade, est accessible aux débutants comme nous. Nous optons pour la formule de 3 jours de trek qui comprend une première journée d’acclimatation et d’apprentissage de la marche sur glacier. En effet le glacier n’est qu’à 40 minutes de marche du premier refuge qui se trouve à 4700m. Nous sommes trois groupes de 2 touristes, chacun accompagnés par un guide. Il se trouve que les trois guides sont en fait 3 frères d’une fratrie de 5 dont 4 sont guides de hautes montagnes dans la même agence, le 5ème travaillant pour une autre agence de La Paz. Nous évoluons donc comme un groupe de 6 personnes avec 3 guides qui se connaissent parfaitement.

After the death road, we decided to climb Huayna Potosi (about 18000ft – 6088m) which is supposed to be doable by beginners like us. We choose the 3 day formula which allows for a first day of training at walking with crampons on a glacier, as well as getting used to high altitude (already 4700m). Our group is made of 3x2 tourists, each group of 2 tourists having a dedicated guide. So we have 3 guides, which happen to be brothers (they are 5 brothers in total, all work as mountain guides).

Pour tous les 6 il s’agit de la première expérience de marche sur glacier et nous découvrons l’équipement requis (chaussures spéciales, crampons, guêtres et piolet). Nous passons environ 2h sur le glacier à apprendre à marcher dans la pente (seuls ou en cordée comme pour la montée du dernier jour), utiliser le piolet et enfin nos guides nous initient à l’escalade sur glace. Ce n’est pas nécessaire pour la voie que nous allons emprunter mais c’est l’occasion ou jamais d’essayer car le matériel est le même. Nous attaquons donc 2 petites parois verticales de 8-10m et nous parvenons au « sommet » sans trop de mal. C’est assez fatiguant mais en prenant son temps, tout le monde y arrive. De retour au refuge, nous nous répartissons dans le dortoir et dès 18h c’est l’heure du souper. La température descend vite et la bonne soupe que nous prépare le cuisinier du groupe nous fait le plus grand bien. Nous avalons ensuite une double ration de pâtes pour faire le plein d’énergie et nous avons droit à un petit briefing pour la journée suivante. Tant bien que mal nous « veillons » jusque 20h…et il est grand temps de se coucher. Après une bonne nuit de sommeil de presque 11h nous pouvons attaquer le deuxième jour. Nous sommes contents car nous n’avons pas ressentis de symptômes dus au mal d’altitude. Notre nuit fut seulement régulièrement entrecoupée de pauses nécessaires en raison des effets diurétiques assez puissants du Diamox (médicament contre le mal d’altitude pris à titre préventif).

For all of us this is the first time we walk on a glacier. First of all, we discover the equipment: special shoes, crampons, getters and ice axe). Then we start walking on the glacier – first alone and then attached together with a rope (as we’ll be on the last day to the summit). After, we have a special “treat”: even though we won’t need it during the climb to Huayna Potosi, we get a chance at ice climbing (since we already have the equipment on, why not?). It’s quite tough and demanding (obviously you’re tied), but everybody makes it to the (small) top! Then it’s back to the refuge for dinner at 6pm with an adequate meal: soup and pasta! After the quick briefing about the next day, everyone goes to bed at 8 – a nice and long night ahead. For us it was only interrupted by necessary pee breaks because of the side effects of the medicine we take for altitude sickness (just in case – we haven’t had any symptoms)


Le programme du deuxième jour est assez « léger » avec normalement 2-3 heures de marche jusqu’au deuxième refuge situé à 5130m. Très vite nous réalisons notre manque d’expérience dans la constitution de nos sacs. Nous devons tout porter jusqu’au deuxième refuge et il nous en coûte de devoir porter des sacs bien plus lourds que les autres. Nous avons été « trop prévoyants » en emportant des affaires de rechange qui en plus de l’équipement spécifique pour le glacier et l’eau viennent sérieusement alourdir nos sacs. Nous arrivons au deuxième refuge après 2h30 de montée et de nombreuses pauses, nous avons pris notre temps mais comme dit l’adage, si on veut aller loin, il faut ménager sa monture (nous en l’occurrence !). Nous arrivons à l’heure pour le déjeuner. Le reste de l’après-midi est libre et tout le monde fait la sieste (nous en profitons pour rattraper notre retard sur le blog) pour être en forme pour le réveil de 0h00, heure à laquelle nous devrons attaquer la dernière montée vers le sommet.

The second day of the trek is about hiking to the next refuge at 5130m (about 15390ft). The tricky part is that you need to carry your big bag with all the climbing equipment – plus everything you brought along, and we brought lots! Way too much (and much more than anyone else). This is a beginner’s mistake and we won’t make it a second time, but we feel the hike with those big bags on our shoulders! We still make it in about 2h30min and enjoy a nice lunch in the high camp. The rest of the afternoon is free – most people sleep (we write the blog…) to be ready for the final day’s climb… which will start at 12.30am!

Nous dînons à 17h30 l’après-midi du deuxième jour et ensuite nous avons droit à l’ultime briefing pour l’ascension. Nos guides mettent l’accent sur la sécurité et la vitesse de montée : il ne sert à rien de vouloir aller trop vite, pour aller au bout, il faut prendre son temps. Nous montons alors préparer nos affaires pour le lendemain et cherchons désespérément le sommeil à partir de 18h30.... Avec l’altitude ou l’appréhension des prochaines 12h, rien n’y fait, nous n’arrivons pas à dormir, tout juste somnoler.

After having our dinner at 5.30pm, we get the final briefing from the guides for the big climb the next day. What matters is safety and not being too fast as if you want to get there you need to take your time. We get our stuff ready and try to sleep from 6.30pm – but that won’t happen, be it because of the altitude or the apprehension of what is waiting for us the next day.

A de rares exceptions, tout le monde dans le refuge est dans le même cas et personne ne dort vraiment quand les réveils sonnent à 0h00. Il est alors temps de s’équiper entièrement (sauf les crampons) et d’essayer d’avaler quelque chose pour le petit déjeuner. Personne ne parle, les estomacs sont noués comme pour une rentrée des classes en 6ème ! A part les guides qui ne comptent plus les ascensions, personne ne sait vraiment s’il va arriver jusqu’au sommet.

That’s the same for pretty much everyone though and when we have to wake up at 12am, nobody really is asleep. It’s time to get ready with all the equipment and try to eat something for breakfast. But nobody speaks, it’s like it’s back to school… Nobody really knows whether they’ll make it to the top.

Après quelques dizaines de mètres de montée, il est temps de mettre les crampons et de s’encorder : cette fois ça y est, c’est parti pour 5 ou 6 heures de montée si tout va bien ! Nous montons à la seule lumière des lampes frontales mais cela suffit. Très vite, à force de prendre notre temps, nous sommes la dernière cordée et nous perdons de vue les lumières des autres groupes. Nous commençons à être bien essoufflés et Natacha qui n’avait rien pu avaler avant de partir fait une pause pour entamer le chocolat. On perd un peu la notion du temps car les montres sont cachées sous 4 ou 5 couches de vêtements. La montée est répétitive : un pied devant l’autre en faisant attention de bien maintenir la corde tendue et de ne pas se rapprocher des crevasses qui jalonnent la montée. Nous sommes contents car nous ne souffrons pas du mal d’altitude, simplement de l’essoufflement, dû à la rareté de l’oxygène.

A few meters after starting to walk, we need to put the crampons on and start the climb. We only have our headlight, which is enough. We go to our own pace which means pretty quickly we lose the others who walk quicker and we don’t see any other lights in the night. We get out of breath quite quickly as well, and Nat needs a break to eat something (since she could not eat anything at breakfast). We don’t know what time it is as our watches are below 4 or 5 layers of clothes. Climbing is fairly repetitive: one foot in front of the other, keep the rope tense and avoid crevasses. Fortunately, we don’t suffer from altitude sickness.

Nous commençons à voir redescendre une personne, puis une autre, au total 3 touristes sur les 12 au départ (en comptant tout le monde au refuge) font demi-tour. Nous continuons d’aller à notre rythme en sentant que ça devrait être possible et faisons des pauses régulièrement pour prendre de l’énergie pour atteindre le sommet et éviter le coup de barre dans la descente ! Le guide profite des pauses pour nous dire où nous en sommes : Campo Argentino 5500m, puis passage à 5700m à 4h00 du matin. Vers 5h30 du matin, le guide nous montre des lumières dans la nuit vers le sommet : la première cordée vient d’arriver au sommet ! Nous devons y être avant 7h du matin sous peine de devoir rebrousser chemin car le soleil transforme la neige et rendrait la descente trop dangereuse. En nous retournant vers la vallée, nous dominons maintenant les lumières de La Paz et vers l’Est les premières lueurs du jour enflamment l’horizon. Ca nous donne du courage et nous poursuivons la montée. Nous avons maintenant quitté la glace du glacier et avançons sur un beau manteau de neige. Régulièrement nous devons enjamber des crevasses très profondes qui nous rappellent qu’il ne s’agit pas d’une balade de santé ! Toutes les autres cordées sont maintenant arrivées au sommet et nous croisons le premier groupe qui attaque la descente. Nous échangeons quelques mots sans trop traîner car si pour eux le plus dur est fait…pour nous le plus dur reste à faire !

We start to see some people giving up and coming down (3 out of the 12 people that were sleeping in the refuge). This encourages us to continue walking at our own pace to make it to the top. This plus regular energy breaks will mean we will be successful! During the breaks the guide tells us how far we are: Campo Argentino at 5500m, then we reach 5700m at 4am and at 5.30am we see some lights at the top: the first group have arrived! We need to be there before 7am otherwise we can’t go to the top as with the sun the way down becomes too dangerous. Looking east the sun is rising, and we can see the lights of La Paz by night. We get more energy to continue and are now walking on beautiful snow. We still need to avoid huge crevasses which remind us this is not a walk in the park… All groups have now arrived, and we start to see the first ones coming down. We talk a bit with them but not too much as we still have some more work to do!

Il fait parfaitement jour quand nous attaquons les derniers 100 mètres de l’ascension. Cette dernière partie est plus technique et nous devons à plusieurs reprises utiliser les piolets pour escalader quelques mètres. Nous voyons enfin le « vrai » sommet du Huayna Potosi qui était caché par une petite paroi rocheuse. Nous savons que nous allons y arriver mais les dernières dizaines de mètres sont vraiment dures. Nous réunissons nos forces et finalement nous y sommes ! Nous sommes tous les 3 au sommet sur cette petite plate-forme de neige exposée à tous les vents. Il est 6h50. Heureusement, la vue est dégagée. Les groupes les plus rapides ont dû se contenter de la nuit noire… Nous restons 10 minutes au sommet pour prendre quelques photos et laisser le guide nous expliquer ce que nous voyons : La Paz, le Lac Titikaka, le mont Illimani (6400m). Avec le vent et l’altitude, nous nous refroidissons très vite. 7h00, il est temps de redescendre.

It’s daylight when we walk the final 100m of the climb. This is a little bit more technical than the rest and we need to use our ice-axe to properly climb to the top. We finally see the real top, which was hidden by another small mountain. Even though we’re now convinced we’ll make it, the last few meters are tough. Eventually we get there, at 6.50am. The 3 of us on the tiny and windy top. We get a wonderful view (quick groups only had pitch dark when they were up there…). We only stay for about 10 minutes as it gets cold very quickly. We can see La Paz, Lake Titikaka and the Illimani Mountain (6400m ~ 19200ft). At 7am we need to start going down.

Pour la descente, ce n’est plus le guide qui mène mais celui qui était dernier de cordée à la montée, c’est donc Fred qui attaque la descente en première position. Grâce aux crampons, la descente est grandement facilitée et nous avançons bien. Mais le soleil commence à chauffer sérieusement et nous avons rapidement chaud dans les altitudes plus basses. Avec la fatigue et la chaleur, nous devons nous concentrer pour avancer sans glisser. Petit à petit la neige se transforme et commence à coller aux crampons qui de ce fait n’accrochent plus. Tous les 3 mètres nous devons mettre un coup de piolet sur les crampons pour décrocher la neige qui s’y accumule. La descente dure environ 2h30 et nous découvrons à la lumière du jour le chemin que nous avons emprunté à l’aller, nous voyons les pentes…les crevasses… et finalement vers 9h30 nous atteignons le bas du glacier pour retirer nos crampons. Nous sommes vraiment fatigués, ça fait 8h30 que nous marchons entre 5130m et 6088m d’altitude…Au refuge, nous sommes accueillis par les autres membres du groupe qui viennent féliciter les derniers ! Tout le monde dans notre groupe a atteint le sommet. Natacha est la seule femme ce jour-là à y être parvenu ! Pas mal pour une crevette !

For the way down, the one at the back when coming up gets first: that’s Fred leading from now on. The beginning is ok as with the crampons it’s quite easy and safe to go down in the snow. However the sun rises more and more and it gets hotter when we lose altitude. At some point, snow sticks to the crampons which mean they don’t hold us any more. Every few meters we need to clear the now from the crampons with the ice-axe which makes the way down quite tiring & annoying. Going down, we also discover the landscapes and roads we used to go up. It takes us 2h30min to reach the high camp and we’re exhauster to get there. The others greet us which is quite nice. We’ve been walking for 8h30min between 5130m and 6000m…Our whole group has reached the top – and Nat was the only woman of the day to get there. Not bad for a little shrimp!

Apres une courte pause et une petite soupe, nous devons continuer la descente vers le premier refuge…cette fois-ci en portant nos gros sacs ainsi que l’équipement de glacier…Heureusement les guides nous aident et nous déchargent un petit peu. Avec la fatigue, cette dernière portion est vraiment pénible. Nous sommes moins haut mais les 12 dernières heures commencent à se faire sérieusement sentir dans nos jambes. Nous arrivons finalement au premier refuge vers 12h30. Notre guide nous remet gentiment un T–shirt « I climbed Huayna Potosi 6088m » et il est temps de rentrer en voiture à La Paz. Malheureusement la route est trop défoncée pour pouvoir dormir…Ce n’est pas si grave car nous arrivons à notre nouvel hôtel où nous dormons tout l’après-midi…ainsi que toute la nuit quasiment sans interruption!

After a quick break and some soup, we have to go down to the base camp at 4700m – but this time we need to carry our big bag & our equipment. Fortunately, because we barely had time to rest, the guides help us a bit. However the last way down is still very tough and we only get there at 12.30pm – more than 12 hours after waking up.The guide gives us our T-shirt “I climbed Huayna Potosi 6088m” and we get in the car to go back to La Paz. The road is too bumpy to sleep, but that’s ok since as soon as we arrive in La Paz we go to the hotel to sleep during the afternoon… and then during the night, pretty much without leaving the bed!