vendredi 18 décembre 2009

Potosi – Que vivan los mineros!

Mercredi 16 Décembre matin, nous quittons notre hôtel pour prendre le bus pour Potosi. Celui que nous avions réservé la veille ne partira finalement pas (pour une raison inconnue) et nous prenons le suivant. Ca veut dire que nous ne pourrons pas faire le tour des mines de Potosi que nous avions prévu dans l’après-midi car nous arriverons trop tard – tant pis, nous le ferons le lendemain.
Après 4h de route dans un bus très basique (les jambes de Fred étaient dans le couloir et beaucoup de gens voyageaient debout, les passagers incluaient aussi des poulets qui régulièrement attaquaient d’autres passagers en poussant des cris – une vraie étable…), nous arrivons à Potosi, l’une des plus grandes villes minières au monde et qui avait une importance capitale au XVIème siècle, lorsque les Espagnols ont commencé à exploiter ses mines d’argent. A l’époque la ville comptait 120 000 habitants soit plus que Londres ou Paris.

On Wednesday 16th December, we head for Potosi with a late bus because the one we had booked just won’t leave (we don’t know why). Not great as we had booked a tour of the mines in the afternoon & we’ll be too late for that… We’ll have to reschedule for the next day.
The journey takes 4 hours in a bus which counts as many humans as chickens for passengers. Occasionally, a chicken would attack a passenger shouting a bit, which makes the journey quite enjoyable (more so for Nat as Fred’s legs have to be in the corridor during the whole trip).
Potosi was a huge mining city in the XVIth century, when Spaniards started to exploit the mines there.


La première expérience de la ville fut très mauvaise, puisqu’on a failli être victime d’une arnaque à touristes, exactement comme décrite dans les guides : au terminal de bus nous prenons un taxi pour nous rendre à notre hôtel ; au bout de 10 secondes un autre passager monte dans le taxi (même si les guides disent de refuser de partager un taxi avec un autre passager, c’est tellement courant en Bolivie que dans les faits il est impossible de dire quoi que ce soit) ; 30 secondes plus tard, un autre homme rentre dans le taxi, cette fois-ci un « policier » qui contrôle les papiers du taxi, avant de contrôler le passeport de l’autre passager sud-américain, soi-disant à la recherche d’étrangers possédant de la drogue. Nous sommes méfiants dès le début, mais pas assez pour ne pas montrer le passeport. Heureusement, il le vérifie mais ne fait rien avec. Ensuite il demande à voir le sac de l’autre passager, l’inspecte devant nous et nous demande les nôtres. Cette fois-ci nous devenons vraiment très méfiants et refusons catégoriquement de donner nos sacs. Il n’insiste pas et quitte le taxi juste après. Curieusement, le taxi tombe ensuite en panne & nous laisse au beau milieu de la ville, heureusement avec tous nos sacs. C’est un cas d’école dans le monde de l’arnaque à touristes : le faux-flic, le faux touriste et le taxi complice. Heureusement le guide Lonely Planet décrivait très bien cette situation ce qui nous a permis de ne pas nous faire avoir et de nous en sortir sans aucun dégât – autre que l’amertume d’avoir été pris pour des cibles !

Our first experience in the city was quite a bad one as we were almost victims of tourist fraud. After taking a cab for our hotel, another man enters the same cab – travel guides warn you not to accept that however this is a common behaviour in Bolivia so you can’t really say anything. Then another man joins, this time a “policeman”. He checks the taxi driver’s license and then the other passenger’s passport, allegedly looking for foreigners carrying illegal drugs. Even though we’re not sure about it, we still hand out our passports as well and fortunately he gives them back to us straight away. He then checks the bag of the other passenger (always looking for drugs) and – of course – then wants to check ours. This time it’s too much and we strongly refuse to give him our bags. He does not insist and leave the cab. By coincidence, the cab then has a breakdown just after and both the taxi driver & the other passenger ask us to leave – with all our bags so that’s fine! This is a classic way of stealing from tourists: the fake policeman, the fake other tourist and the accomplice taxi driver. Good stuff the Lonely Planet described the situation perfectly and we could refuse to hand our bags – not sure we would have seen them back otherwise! Still it’s annoying to know they tried to steal from us!

Potosi méritait certainement une seconde chance et nous avons donc visité la Casa de la Moneda dans l’après-midi, l’endroit où les espagnols fabriquaient les pièces à partir de l’argent extrait des mines. Une visite intéressante, notamment pour les machines d’époque utilisées pour frapper les pièces.

Giving the city another chance, we decide to visit the Monetary House where Spaniards made coins from the silver they extracted from the mines. This is quite an interesting visit, especially as they still have the old machines from the XVIth century.

Le lendemain matin, nous pouvons enfin visiter l’endroit pour lequel Potosi attire tant de touristes en Bolivie : les mines qui sont encore en exploitation. Ces mines n’ont certes plus la production qu’elles avaient à la grande époque, cependant de nombreux jeunes hommes y travaillent encore car dans la région, il n’y pas beaucoup d’autres choix pour gagner de l’argent. De plus, le prix des minéraux ayant remonté, cela attire de plus en plus de monde. Il y a 4 ou 5 ans, la mine comptait 20,000 mineurs, ils sont 4,000 aujourd’hui. Entrer dans ces mines, c’est entrer dans l’univers de Germinal. Les conditions n’ont pas évolué depuis le siècle dernier, sans électricité. Nous avons organisé un tour privé car les tours réguliers partaient trop tard pour nous (nous devons prendre le bus pour Uyuni dans l’après-midi). Du coup nous sommes seuls avec notre guide, Helen, un petit bout de femme passionnée par le combat des mineurs pour une vie meilleure (elle vient de créer une entreprise Amigos de Bolivia qui tente de reconvertir les mineurs en guides touristiques et d’encourager les jeunes de la ville à étudier plutôt que d’aller á la mine dès 9 ans comme la plupart le font) et aussi notre chauffeur de taxi, ancien mineur pendant 20 ans. Le tour nous coûte à peine plus cher mais nous permet de le faire dans des conditions meilleures (surtout pour Natacha, un peu claustrophobique et donc rassurée de ne pas être dans un groupe de 15 personnes coincée dans les tunnels de la mine). Nous sommes équipés comme les mineurs (pantalon et vestes pour ne pas nous salir, casque de protection et lampe pour éclairer). Comme tous les touristes, nous devons acheter des feuilles de coca et des boissons pour offrir aux mineurs qui travaillent – tous ceux que l’on croise nous supplient pour ces cadeaux, et n’étant qu’un groupe de deux nous sommes vite à court de présents, au grand dam de notre guide pour qui il est difficile de refuser de donner à boire aux mineurs qu’elle connaît. La plupart des mineurs ne travaillent pas pour leur compte mais pour des propriétaires de terrain à qui revient le gain de la vente du minerai – les mineurs ont un salaire journalier d’environ $10… Ils travaillent souvent en groupe de 3 ou 4, et ont un wagon pour sortir les pierres qu’ils trouvent. En moyenne ils sortiront 10 wagons de 1 tonne par jour par petit groupe. Evidemment les wagons ne sont pas motorisés et ils poussent leur tonne à la force des bras… Les mineurs s’accrochent à eux pour dévaler les descentes : il faut alors se plaquer contre les parois pour les laisser passer. Nous avons également pu nous glisser dans un boyau vraiment étroit (presque en rampant) pour voir le lieu de travail d’un de ces groupes – finalement le confort d’un bureau en open space n’est vraiment pas si mal en comparaison !

The next day we finally can see what Potosi is famous for: its mines. Even though they don’t have the same production as they used to, they are still exploited and more and more young people work there as the price of minerals is going up. Plus, there is no real other way in the city to earn money. The mines are as they were during the last century, without any electricity. We had a private tour (regular tours were too late for us as we had our bus to Uyuni in the afternoon) which means it was just the two of us and the guide (Helen, a strong-minded woman who fought for miners’ rights and created a company called Amigos de Bolivia to encourage miners to study & become tourists guides) as well as our taxi driver, who himself worked in the mines for 20 years. Being a small group, albeit a little bit more expensive (not much) is much better if you get claustrophobic since you’re not stuck in the mine’s tunnels with a group of 15 people…Our equipment is similar to that of the miners with jacket, trousers, helmet & headlamp. We also need to buy coca leaves and drinks to give to the miners as they desperately need it – all the ones we see beg for it and because it’s only 2 of us we don’t have enough for all of them which is quite tough when you see them working so hard.
Most miners work for land owners who get the money from the minerals’ sell and pay them a daily salary of about $10… They usually work in a group of 3-4 people, and have one wagon which they use to bring outside the rocks they find. Needless to say they have to push the wagon (weighing 1 ton) with the strength of their arms only…We also got to crawl through one work area of a small group – actually working in an open space desk is not that bad when you see that!


Cette visite nous a donné l’impression de découvrir un autre monde, complètement différent de tout ce qu’on peut connaître, avec des préoccupations vitales bien plus importantes que les nôtres. Encore une fois, il est impossible de ne pas penser à Germinal et il est facile de comprendre le désespoir de ces hommes et leur côté révolutionnaire.
Après la visite de la mine, l’attraction touristique classique est de faire exploser un bâton de dynamite. C’est encore la méthode utilisée par les mineurs, mais la démonstration pour les touristes se fait à l’extérieur, en zone plus sûre. C’est la guide qui allume la mèche (dont la combustion dure quand même 3 minutes), et qui nous demande ensuite de poser pour une photo avec la mèche allumée (pas vraiment du goût de Natacha) avant de nous écarter de l’endroit de l’explosion. La détonation est violente et résonne dans les montagnes alentours…On se regarde un peu interloqués : c’est un « jeu » pour nous mais à l’intérieur de la mine, faire exploser la roche c’est gagner sa vie avec tous les risques que cela comprend.
Nous quittons ensuite Potosi, où nous avons passé moins de 24h, mais intenses avec la vision de l’enfer, comme le décrit le Lonely Planet – une bonne remise en question par rapport aux gens qui se plaignent en Europe des conditions de travail…Fin 2009, nous avons vu ce que pouvait être le travail de mineur dans les mêmes conditions qu’au 18ème siècle…

This visit really puts you in another world, different from anything else you may know. You easily understand how those guys have to fight for their life & get revolutionary…
After this tough visit, you get the touristy bit: exploding some dynamite. The guide does it for us, and we even get a picture with the dynamite lit (not so great Nat would say) – of course we then get far away for the explosion but even though the sound is quite big and echoes in the mountains.
Finally we leave Potosi. We stayed there less than 24h hours but we visited hell (quote from the Lonely Planet). This is a good reminder about what tough is when thinking about people complaining in Europe…