vendredi 9 avril 2010

Flying high

On n’ira pas jusqu’à dire que 30 heures de bus passent facilement mais dans un bus cama, notre dernier grand voyage en bus pour rejoindre Cordoba ne fut pas si terrible ! Après avoir embarqué à Florianopolis le vendredi à 20h30, nous arrivons finalement à Cordoba à 2h30 du matin le dimanche 28 février. Nous poussons le vice jusqu’à marcher jusqu’à notre hôtel soit 30minutes de marche avec nos gros sacs, en pleine nuit dans une ville que nous découvrons. Heureusement c’est l’Argentine et à cette heure là, dans une ville étudiante comme Cordoba (1ère ville universitaire du pays), il y a du monde dans les rues. Peut-être trop même aux alentours de notre hôtel qui est entouré de bars et boîtes de nuit si bien que nous avons du mal à nous reposer une fois installés dans notre chambre d’hôtel. Il le faut pourtant car la semaine qui arrive devrait être active. Le dimanche dans la journée nous devons en effet retrouver l’école de parapente Ascendance qui organise comme chaque année plusieurs voyages à l’étranger pour découvrir des pays et voler en parapente dans les plus beaux coins du monde. Une chance pour nous, cette année l’école a choisi l’Argentine et les dates nous permettent de nous greffer sur un groupe pour une semaine avant de quitter l’Amérique du Sud. Notre rendez-vous est assez simple : dimanche 28, sur les coups de midi, vers l’hôtel La Plaza à La Cumbre. Nous reprenons encore un bus de Cordoba vers La Cumbre et en arrivant à l’hôtel de la Plaza, nous avons le plaisir de voir qu’une chambre a été réservée pour nous par l’école. Personne n’est là car ils sont tous sur le site de vol. Nous en profitons donc pour renouer avec les traditions locales et nous dévorons une bonne Parilla. De retour à l’hôtel, nous pensions pouvoir faire une sieste, mais nous retrouvons Pascal (un des instructeurs de l’école) qui nous propose de retrouver le groupe et voir si «ça vole ». Rapidement, il nous explique que les conditions de vol n’ont pas été au rendez-vous les semaines passées, la faute à El Nino et que certains stagiaires n’ont volé que 3 fois en 15 jours…On verra bien, les prévisions sont sensées être meilleures pour notre semaine.

Nous retrouvons le groupe à l’atterrissage, attablé à prendre un petit verre après une bonne session de vol ! A peine faisons-nous connaissance avec Jean-Mi (le deuxième instructeur), Olivier et Marine, Antoine, Nicolas et Thierry les autres pilotes, et nous partons faire un peu de gonflage avec les voiles pour retrouver les gestes. Ca fait quand même 18 mois qu’on n’a pas touché une aile et il faut se remettre dans le bain ! Le vent se lève rapidement et nous arrêtons avant de décoller. Ensuite, retour à l’hôtel puis petit apéro et dîner dans une autre Parilla : la semaine s’annonce bien !P1070291Le lendemain, lundi 1er Mars, après un stop rapide pour acheter le pique-nique, nous partons tranquillement au décollage car les conditions ne sont pas bonnes pour le moment donc ce n’est pas la peine de se presser. Finalement, peu de temps après notre arrivée, les vols en bi-place commencent ce qui est bon signe. Très rapidement, les conditions sont bonnes pour tout le monde et tout le groupe se prépare. Nous sommes de loin les plus novices et nous profitons à fond des conseils de chacun. Nous retrouvons aussi les conseils de Pascal qui nous briefe sur le plan de vol finalement assez simple pour un vol de reprise : tout droit après le décollage, pas d’exercice en vol car le dénivelé de 350m ne le permet pas et après Jean-Mi nous guide pour l’atterrissage. Natacha décide de temporiser pour le décollage, c’est donc Fred qui se lance le premier. La gestuelle n’est plus très bonne mais Pascal est là pour stabiliser la voile et c’est parti pour un vol de reprise en solo. Tout se passe bien, l’atmosphère est bien calme et rapidement les sensations reviennent : ça fait du bien de re-voler J. Vu le dénivelé, le vol ne dure pas plus de 10 minutes mais ça suffit pour une reprise. Pendant ce temps-là, le site de décollage s’active et des bi-placeurs décollent et atterrissent sans cesse pour faire des baptêmes. Il n’y a pas beaucoup d’espace au décollage et un bi-placeur vient même se poser sur l’aile de Natacha alors qu’elle s’apprêtait à partir. Ensuite c’est une rafale qui vient la soulever alors qu’elle gonflait son aile pour partir…bref peu rassurée pour la reprise, Nat décide d’attendre que les conditions se calment un peu. Le reste du groupe est en l’air en train de prendre des ascendances thermiques et reste en l’air pendant 1h ce qui laisse le temps à Fred de remonter en navette pour faire un deuxième vol. P1070300 Les conditions s’améliorent et laissent espérer pouvoir prendre quelques thermiques. Apres tout, presque tous les autres sont encore en l’air grâce aux thermiques ! Du coup Fred y retourne et peut « enrouler » quelques thermiques pour la première fois sur les conseils de Pascal qui le guide depuis le décollage! C’est un premier coup et après quelques gains d’altitude, la gravité reprend ses droits et vient l’atterrissage. Mais au lieu des 10 minutes du premier vol, le deuxième vol a duré 2 fois plus longtemps ! Maintenant il faut apprendre à les prendre tout seul, sans être guidé depuis le sol, et il faut rester en l’air. P1070343 Pendant ce temps-là, Nat est partie faire un vol en bi-place avec Pascal pour quand même retrouver des sensations de vol et essayer de dépasser le blocage. Le vol se passe très bien, en atmosphère calme…mais il semble que le blocage soit toujours là…on verra bien demain car il est temps de retourner à l’hôtel et après un petit plongeon dans la micro-piscine, direction une autre Parilla pour reprendre des forces car toutes ces émotions donnent bien faim ! P1070325 Nous restons encore sur le même site de vol de La Cumbre le mardi 2 Mars. En quittant l’hôtel, personne ne peut dire si on va pouvoir voler car le ciel commence à se charger. En arrivant au décollage, Jean-Mi part en éclaireur pour tester l’aérologie…au loin le ciel se charge de plus en plus, un orage se prépare. A priori, il semble possible de faire un vol mais il faut se préparer vite pour voler avant la pluie…finalement ça rappelle un peu à tout le monde les conditions de vol à Accous dans les Pyrénées et tout le monde y va de sa petite blague sur Accous-plage et son micro-climat ! Fred s’est préparé rapidement et se prépare à décoller sous les ordres de Pascal : mise en mouvement, gonflage de l’aile, stabilisation au dessus de la tête….et BANG le tonnerre gronde à quelques kilomètres du décollage ! Grand coup de frein, la voile retombe, tout le monde se regarde un peu surpris : c’était moins une ! L’orage s’était rapproché rapidement pendant la préparation et il était maintenant trop proche pour voler sereinement sans risquer de prendre la pluie en vol ce qui n’est bien entendu pas recommandé. Fred replie son aile et les premières grosses gouttes commencent à tomber, tout le monde se replie dans le van pour laisser passer l’averse. Ca ne dure pas bien longtemps mais l’atmosphère n’est toujours pas très calme pour permettre le vol. Les bi-placeurs professionnels de La Cumbre se préparent malgré tout comme pour forcer le vent à se calmer petit à petit…mais rien n’y fait et ils finissent par replier non sans avoir donné quelques belles frayeurs à leurs clients et aux pilotes débutants qui les regardent. Tout le monde pense que la journée en restera là mais un pilote se prépare au décollage avec une voile d’acrobatie ! Le vent n’est pas retombé mais sa voile vole plus vite et lui permet donc de voler dans un vent plus fort. Après deux tentatives manquées, il décolle et offre un beau spectacle à tout le monde : virages engagés, passages proches du relief et surtout deux superbes séries d’ « hélicoptère» ! Tout le groupe admire la prestation à sa juste valeur : pour voler ce jour-là il fallait avoir le niveau.

Warning – sur la video ci-dessous, ce n’est pas encore nous!

Nous rentrons ensuite à l’hôtel pour reprendre nos bagages et mettre le cap sur Mina Clavero où le groupe passera les deux prochaines nuits. En route, nous traversons un orage dantesque qui détrempe les ailes harnachées sur le toit du van…si bien qu’en arrivant au gîte de Mickey (un argentin super sympa, pilote de parapente qui tient une auberge à côté d’un site de vol) tout le monde doit faire sécher les voiles, parachutes de secours et les instruments de vols. Heureusement. Il y a plus de peur que de mal et rien n’est abîmé.P1070357 Mercredi 3 Mars, après un autre orage dantesque pendant la nuit, le temps semble s’être remis au beau et tout le groupe part confiant qu’une belle journée de vol nous attend. Nous découvrons le site de décollage au milieu d’une réserve naturelle de granite rose qui abrite de nombreux condors. Le décollage est assez technique car la pente n’est pas progressive…et couverte de pierre. Il faut donc un minimum de vent, bien orienté pour partir sans risque. Malheureusement pour nous, le temps est « trop » beau et le soleil qui tape ne parvient pas à mettre un place un régime de vent suffisant pour le vol. Jean-Mi part malgré tout dans une fenêtre favorable mais ne parvient pas à rester en l’air. Antoine le suit de près et arrive au même résultat. Thierry le suit mais part de travers, trop bas et arrive sur un muret en contrebas du décollage. Il se fait une petit entorse mais parvient à remonter…tout le monde a eu bien peur mais une entorse, ce n’est pas si grave. Les vols s’arrêteront là quand même pour lui en Argentine. Après cet épisode, les conditions semblent s’améliorer et Fred tente deux décollages mais sans succès. Dans une micro-fenêtre propice au décollage, Olivier se lance et part pour un beau vol d’une heure au dessus de ce paysage magnifique. Pour le reste du groupe, il est temps de rentrer au gîte où Mickey a préparé des pizzas maison cuites au feu de bois : un régal pour oublier cette journée bronzage. Pascal et Jean-Mi décident d’emmener le groupe le lendemain sur un autre site de vol au décollage plus facile. Nous mettons les réveils à 6h et partons pour Merlo à 2h de route.P1070360

Le reste du groupe a déjà volé à Merlo au début de leurs vacances. Le site est en effet plus facile que Mina Clavero et offre un dénivelé de 900m entre le décollage et le terrain d’atterrissage. Nous y arrivons le jeudi 4 Mars en milieu de journée et nous avons juste le temps de pique-niquer avant que les conditions de vol deviennent parfaites. Tout le groupe se prépare et décolle. Les conditions sont favorables pour voler dans les thermiques et cette fois Fred reste 45 minutes en l’air grâce aux ascendances. Le plaisir est total quand un condor passe sous ses pieds, voilà pourquoi le parapente est magique !P1070367

La fin du vol se fait plus en autonomie à essayer de trouver d’autres ascendances pour rester toujours en l’air…mais ça n’est pas si simple. Quand tout le monde est posé, les conditions météo ont commencé à changer et il est déjà trop tard pour un deuxième vol, dommage ! Le soir, Pascal et Jean-Mi ont préparé une Parilla maison pour se remettre des émotions et refaire le plain pour d’autres vols le lendemain. Malheureusement, vendredi 5 Mars, les conditions n’ont pas l’air excellentes. Nous montons au décollage où les nuages défilent et permettent seulement par intermittence de voir l’atterrissage. Nous patientons autour du pique-nique, puis d’un café. Le plafond nuageux ne se décide pas à monter. Et puis rapidement, en moins de 30 minutes, les conditions de vol arrivent. Les thermiques n’ont pas vraiment l’air de se mettre en route…faut-il attendre et espérer que les thermiques s’installent en risquant aussi de voir la fenêtre de vol se refermer…ou alors faut-il décoller tout de suite pour un petit vol de 10 minutes…Natacha part en bi-place avec Jean-Mi pour tester la masse d’air mais le vol ne dure pas très longtemps. Petit à petit tout le monde y va, cherche les ascendances, trouve de quoi ralentir la descente…mais au final tout le monde se retrouve en bas après un vol plus court que la veille, sauf Olivier qui réussit comme à chaque fois à exploiter les moindres ascendances ! Il nous offre quelques acrobaties parfaitement contrôlées avant de nous rejoindre à l’atterrissage.P1070377 Cette-fois ça y est, c’était le dernier vol du stage. Fred s’en sort avec 5 vols et les premiers thermiques bien exploités. Nat n’aura finalement pas persévéré dans le parapente en solo – ne sentant pas les conditions, elle n’a pas voulu se forcer, il faut quand même que ça reste un plaisir J Qui sait, peut-être l’envie reviendra-t-elle sur le site de vol d’Accous ?

Nous mettons ensuite le cap sur Buenos Aires où tout le groupe sauf Pascal et Jean-Mi doit prendre un avion le samedi et reprendre le chemin du boulot le lundi. Après une nuit sur la route dans un van plein comme un œuf, suivi par un dernier petit-déjeuner tous ensemble en centre-ville, le groupe se sépare. Heureusement pour nous, les vacances ne sont pas finies ! Nous partons dans le quartier de Palermo pour nous trouver un hôtel où passer nos deux derniers jours en Argentine.