lundi 5 juillet 2010

53 heures dans le train le plus haut du monde

Nous nous levons à 6h30 le vendredi 28 mai pour prendre notre train entre Lhasa et Shanghai. Nos billets ont été émis par erreur (et malgré nos multiples requêtes) pour le 30 mai et nous devons donc arriver en avance à la gare pour les échanger. Tout se passe étonnamment bien et vite, nous étions sceptiques mais nous sommes dans la salle d’attente dès 8h05 pour notre train à 9h50 ! Il a quand même fallu persister après qu’on nous ait dit 3 fois qu’il n’y avait plus de place en soft sleeper – la classe la plus confortable – pour que finalement deux places se libèrent comme par magie une fois que nous avons mentionné le quota réservé aux militaires et membres du parti…  Le train est très confortable, nous ne sommes que deux dans le compartiment pour l’instant, espérons que cela dure… P1080527P1080529Ayant vu de nombreux chinois avec de la nourriture pour le voyage, nous faisons nous aussi le plein, au cas où… Finalement nous essayons le wagon-restaurant dès le déjeuner et c’est tout à fait correct. Bonne surprise ! Notre expérience culinaire du soir est encore plus intéressante mais bien moins concluante : nous mangeons des nouilles instantanées que nous avons achetées à la gare. Il suffit de mélanger les différentes sauces et ingrédients lyophilisés fournis avec les nouilles et d’y rajouter de l’eau bouillante (disponible partout en Chine, y compris dans le train) et c’est prêt. Un plat deux en un : nouilles et bouillon. Ce n’est pas terrible mais il fallait essayer pour ne pas mourir idiots.

Durant la première journée de voyage, nous traversons le haut plateau tibétain dont l’altitude varie entre 4000 et 5000 mètres. Le train est d’ailleurs équipé d’arrivées d’oxygène à chaque place pour les voyageurs souffrant du mal des montagnes. Heureusement pour nous, après 3 semaines en altitude, nous ne présentons aucun symptôme, nous sommes juste un peu essoufflés dès que nous nous levons. La voie de chemin de fer traverse des paysages grandioses, désertiques avec de hauts sommets enneigés en arrière-plan. Régulièrement, le train franchit des rivières recouvertes de glace. On a peine à imaginer les difficultés liées à la construction de cette ligne de chemin de fer sur le permafrost. Notre guide parle de centaines de travailleurs qui y ont trouvé la mort…Le développement à n’importe quel prix… DSC01124En dehors de la distraction offerte par les troupeaux de yaks poilus qui broutent dans la steppe, nous observons à plusieurs reprises des convois militaires s’étirant sur des kilomètres et des kilomètres. Le Tibet reste à n’en pas douter un enjeu stratégique aux yeux de la Chine.DSC01127Le soir, après ce bon bol de nouilles, nous lançons  un petit DVD pour nous changer les idées. Juste après que nous ayons fini de regarder notre film, lovés dans un des lits couchettes, nous arrivons à Golmud vers minuit et deux personnes nous rejoignent dans le wagon pour la nuit. Dommage… En plus l’un d’entre eux se révèle être un compétiteur international du ronflement (encore un), développant également des talents tout à fait honnêtes en termes d’odeurs de pied, vive la promiscuité ! Malgré tout la nuit est plutôt bonne, même si les couchettes sont dures, alors que nous voyageons dans la classe Soft Sleeper, l’équivalent de la 1ère classe française. Au réveil (vers 10h pour Natacha), le petit déjeuner est déjà – sans surprise - terminé… En même temps manger des pattes de poulet au petit déjeuner, c’est compliqué… Nous retournons au restaurant pour le déjeuner et c’est quand même meilleur que les nouilles instantanées ! Cela nous permet aussi de quitter pour quelques instants notre compartiment et de « converser » avec le personnel du train – nous ne pouvons malheureusement pas aborder de sujet philosophique car la conversation s’arrête vite !P1080530La deuxième journée de train consiste à redescendre dans la plaine depuis les hauts-plateaux. Les paysages sont moins grandioses que la veille mais nous permettent de découvrir la campagne chinoise verdoyante, cultivée et traversée par des lignes de chemin de fer dans tous les sens ! A quelques centaines de mètres à côté de la voie sur laquelle nous circulons se trouve une autre voie ferrée, alternance de viaducs et de tunnels sur plusieurs centaines de kilomètres ! La Chine n’a vraiment rien à apprendre en matière de grands travaux. Tout ce que nous voyons jusqu’à présent des infrastructures du pays est simplement gigantesque !

Au bout de cette deuxième journée, l’excitation de l’arrivée commence à grandir. La deuxième nuit est conforme à la première, odeurs et bruits en moins car nous changeons de partenaires de compartiment. Comme avant ce sont deux hommes (il n’y a d’ailleurs quasiment que des hommes dans le train puisque nous sommes probablement dans la partie réservée aux militaires et membres du parti). Le lendemain matin, nous sommes prêts à descendre à chaque arrêt du train puisque nous sommes censés arriver vers 11 heures. Nous découvrons cependant assez vite que le train a 4 heures de retard… Nous arrivons finalement à Shanghai vers 15h pour y retrouver Thomas&Nathalie. Suite des aventures au prochain numéro…