Nous arrivons donc le dimanche 30 mai à Shanghai avec 4 heures de retard depuis Lhasa… Heureusement, Nathalie est venue nous chercher à la gare (où elle a versé quelques larmes) pour pouvoir donner l’adresse au taxi, ce que nous aurions probablement été incapables de faire… Comment se retrouvent trois occidentaux dans une gare chinoise ? C’est facile : ils dépassent d’une tête le reste de la foule (une demi-tête pour Nat…) et ils sautent partout quand ils se voient. Nous retrouvons donc Thomas et Nathalie après 7 mois de voyage. Ils sont venus s’installer à Shanghai au mois d’Avril et ont trouvé une charmante petite maison dans l’ex concession française, qu’ils s’affairent à meubler à la chinoise depuis quelques semaines quand nous arrivons.
Comme au bon vieux temps, nous passons directement à table lorsque nous arrivons chez eux pour un déjeuner al-fresco sur leur petite terrasse. Le menu est simple mais nous semble excellent : saucissons, olives et pain de campagne, sans oublier le Nutella. Que la vie est belle quand on retrouve des amis autour d’une table au soleil !
Nous passons le reste du dimanche après-midi à nous promener dans l’ex-concession française et à rattraper 7 mois d’aventure de part et d’autre. Il fait beau et bon à Shanghai, nous sommes apparemment à la meilleure période de l’année, avant la chaleur et l’humidité de l’été.
Dimanche soir Thomas & Nathalie nous invitent au restaurant pour notre mariage, au Styler’s, un restaurant dont le chef allemand propose de la cuisine française. Nous craquons pour le menu dégustation, bien trop copieux pour nous, mais excellent. Quel plaisir de manger de la nourriture raffinée avec en plus une bonne bouteille de rouge (allemand !!!!). 
Le lendemain nous entamons notre marathon d’organisation car les vacances c’est bien, mais ça s’organise. Pour faire une pause dans notre journée studieuse, nous mangeons avec Nathalie des mets achetés dans la rue et au marché : nems à la viande (que nous cuisons nous-mêmes), pains à la pâte de riz fourrés à la soupe, riz cuit dans des feuilles de bananiers, œufs cuits au soja et dim-sums. Petit à petit, nous nous intégrons dans la culture chinoise !
Le gros succès du lendemain est la réparation de l’écran de l’appareil photo qui avait été cassé en Inde dans un « accident » de rickshaw. Nous découvrons avec surprise un service après-vente Sony très professionnel, qui nous répare l’écran en moins de 24h. Après coup, nous réalisons que nous sommes dans une des villes les plus modernes et dynamiques du monde et que ce type de service est tout à fait standard. Il faut oublier les clichés de la Chine qui doit se réveiller, elle s’est réveillée il y a bien longtemps et elle se lève même tous les matins très tôt pour travailler dur toute la journée ! 
Dans la soirée, après une petite ballade sur Nanjing East Road, nous prenons l’apéritif dans le bar du dernier étage du Méridien qui offre une vue panoramique de la ville illuminée de nuit. C’est aussi l’occasion de (re)faire connaissance avec un couple d’amis de Thomas&Nathalie qui vivent à Shanghai depuis deux ans, Karine&Amaury, et qui sont ravis de partager avec nous leurs bons plans pour voyager en Asie du Sud-est. Nous dînons ensuite dans un restaurant typique (mais trendy – nous sommes tout de même accueillis par Thomas&Nathalie !) de nouilles chinoises, très bon et pas cher, quoiqu’un peu épicé… ! 
La corvée organisation du lendemain, mercredi 2 juin, est de se rendre au Consulat du Vietnam de Shanghai pour y obtenir notre visa. Pour nous récompenser d’un tel effort, nous nous offrons un déjeuner dans un restaurant coréen, qui s’avère finalement un peu décevant, à part de très bonnes crêpes au kumchi. Nous retrouvons ensuite Nathalie, qui avait profité de la matinée pour lever des fonds pour l’association d’orphelins apprentis boulangers pour laquelle elle donne du temps. Nous allons nous promener dans la vieille ville, que Nathalie connaît dorénavant comme sa poche (elle est prête pour accueillir de nombreux visiteurs !!!). La vieille ville est séparée en deux parties : l’une construite récemment en faux-vieux avec plein de boutiques et l’autre, encore faite de ruelles typiques et un peu sales, malheureusement probablement en attente d’être démolies pour construire du neuf. On y découvre entre autres les enfants chinois dont les pantalons sont ouverts sur les fesses comme solution alternative aux couches… 
Nous retrouvons dans la soirée Thomas & Vincent (un « gars du Sud » bien sympa, collègue/ami de Thomas que nous connaissons déjà de Londres) à l’Exposition Universelle vers 19h. Nous n’allons tout de même pas passer à Shanghai sans visiter l’évènement de l’année ! Comment pourrait-il en être autrement ? Tous les 10 mètres dans la rue il y a un logo de l’exposition universelle accompagné de la mascotte, Hai Bao. 
L’exposition tout simplement gigantesque: après être rentrés dans l’enceinte et s’être fait fouillés, nous prenons le métro construit spécialement pour circuler dans l’intérieur de l’exposition. Malgré l’heure tardive, c’est encore surpeuplé avec de longues files d’attente pour certains pavillons… Nous optons pour les pavillons de plus petits pays qui intéressent moins les chinois, tels que la Slovaquie (visite très rapide) ou la Norvège (plus intéressant, thème autour de la nature). Nous ne pouvions manquer le pavillon français, qui traduit le thème de l’exposition Better City, Better Life par la Ville sensuelle… Certainement un exemple de la fameuse « exception française » J 
Certains éléments du pavillon français sont intéressants : vue sur les cuisines du restaurant étoilé du pavillon, parois végétales du bâtiment, exposition de 7 œuvres d’art du musée d’Orsay (toiles impressionnistes et un Rodin), etc. Avec une mention spéciale pour les généreux sponsors Louis Vuitton, Michelin et Lafarge ! C’est en tout cas sans aucun doute le meilleur pavillon que nous ayons vu de la soirée, bien entendu sans aucun chauvinisme mal placé ! 
Avec l’heure tardive, la faim commence à nous tirailler et nous craquons devant le pavillon belge pour une bonne portion de frites (malheureusement il n’y a plus de gaufres). La visite du pavillon espagnol nous laisse perplexe : très beau de l’extérieur, il est cependant décevant à l’intérieur. Malgré une belle démonstration de flamenco à l’entrée, la sculpture géante et effrayante d’un bébé humain nous laisse une mauvaise impression. 
Le dernier pavillon que nous visitons est celui de la Finlande construit autour du thème du design et très épuré. Encore une autre interprétation du thème… Nous en venons à nous demander s’il y a finalement un gramme de cohérence vis-à-vis du thème ! Nous poussons jusqu’au pavillon chinois pour voir le monstre mais il est déjà fermé. La vue de l’extérieur est déjà très impressionnante. 
Nous apercevons sur le chemin le pavillon australien où règne une atmosphère très détendue, avec un petit concert en plein air. Mention spéciale pour le pavillon de Macau qui a opté pour un gros lapin rose clignotant… Définitivement dans le thème Better City, Better Life ! 
Sur les coups de 22h, nous en avons plein les pattes et décidons de rentrer. L’exposition nous laisse une impression générale de gigantisme, même si nous ne sommes toujours pas certains d’avoir vraiment compris ce qu’était une Exposition Universelle…
Le lendemain, nous allons récupérer nos visas pour le Vietnam et en profitons pour déjeuner avec Thomas dans un restaurant japonais proche de son bureau. Nous restons dans le quartier d’affaires de Pudong en début d’après-midi et y visitons l’observatoire du World Financial Center (de son petit nom « le décapsuleur »), qui est soi-disant le plus haut observatoire du monde (474 mètres). Nous montons au 100ème étage et nous attendons à marcher sur du verre au-dessus du vide (Skywalk) mais c’est un peu décevant car seules quelques petites parties sont effectivement en verre. Le temps n’est pas très beau mais la vue reste très impressionnante. Petit détail sympathique : de là-haut, nous nous rendons compte que les toits des « petits » immeubles d’habitation répondent à un code couleur entre le rouge, le bleu, le vert et le jaune ce qui donne l’impression aux immeubles d’être les pions d’un plateau de Monopoly géant. 
Nous prenons ensuite le métro pour rejoindre l’autre rive et le Bund, la promenade mythique de Shanghai sur laquelle s’étaient établis tous les établissements financiers de la grande époque des années 1930, l’époque des concessions étrangères. De cette promenade, nous admirons un mélange d’architecture entre les tours modernes de Pudong et les immeubles art-déco du Bund. 
Nous retournons ensuite dans la vieille ville pour visiter le jardin Yu, un jardin typique chinois, c’est-à-dire fait de petits plans d’eau avec des pavillons de type pagode et d’arbres taillés en bonsaï. Un moment de calme après le tumulte des rues shanghaiennes. 
Dans la soirée nous allons dîner avec Thomas & Elise, un couple d’amis parisiens, qui ne savent pas que nous sommes à Shanghai (et qui pensaient dîner uniquement avec Thomas & Nathalie) dans un bon restaurant chinois. Ils viennent pour le mariage d’un de leurs amis à Shanghai. C’est une bonne surprise pour tout le monde et le fait de revoir tant d’amis à Shanghai nous fait quitter l’espace de quelques jours l’ambiance du voyage pour nous poser un petit peu et profiter d’un simple repas entre amis…
Le lendemain, vendredi 4 juin, nous déjeunons avec une amie de Nathalie, Amélia, une anglaise qui habite à Shanghai depuis 3 ans et a quitté son poste d’ingénieur pour faire des confitures. Une initiative courageuse, mais qui ne porte pas encore ses fruits. Pour contribuer à son effort, nous craquons pour 2 pots de confiture et un pot de chutney… C’est ça la solidarité entre expatriés !
Nous encourageons ensuite Thomas&Nathalie dans leur vice en leur offrant une bouteille de champagne, qui s’avère au passage être la première pour nous depuis 7 mois ! C’est la parfaite introduction pour une soirée à la maison durant laquelle nous inaugurons leur matériel de chabu-chabu (fondue japonaise). C’est très semblable à une fondue bourguignonne dans le fonctionnement, mais le goût du bouillon est très différent et on y plonge également des légumes. 
Jusqu’à présent le travail de Thomas avait tendance à l’accaparer la majeure partie de la journée (ce qui est finalement normal pour un travailleur), et nous somme ravis lorsque le weekend arrive de pouvoir profiter de lui 24h/24… ou presque. Nous visitons samedi matin le Musée de la propagande qui se trouve dans l’ex-concession française. Il est bien caché au sous-sol d’un immeuble d’habitation sans aucune indication extérieure et donc peu touristique. Il regroupe un grand nombre d’affiches de propagande chinoises du début des années 1950 (arrivée des communistes au pouvoir et guerre de Corée) jusqu’à la fin des années 1970 (révolution culturelle orchestrée par Mao durant laquelle toutes les affiches ont été détruites sauf quelques exemplaires conservés au musée). On y voit la violence des messages patriotiques chinois (ils vont littéralement massacrer les américains et le montrent sur l’affiche), les fausses affiches de récoltes miraculeuses pendant les famines pour faire croire à la population que la famine n’était qu’une illusion, puis la période de culte à Mao où Mao est le centre de toutes les affiches, un peu comme un dieu, et enfin le changement progressif vers un capitalisme modéré ou au moins un communisme adouci, lorsque les billets de banque remplacent les livres rouges de Mao dans les mains des personnages des affiches.
Après un déjeuner « européen » (jambon de parme et roquette, panini aux légumes), nous revoyons Thomas & Elise qui passent prendre le thé chez Thomas & Nathalie. C’est l’occasion de discuter un petit plus et de retrouver (presque) notre vie d’avant !
Dans la soirée nous allons voir un spectacle d’acrobaties chinoises, formidable, proche de celui du Cirque du Soleil. Nous y voyons des numéros très impressionnants, notamment un homme qui attrape des coupoles en porcelaine sur sa tête (sans les casser, évidemment) pendant qu’il est en équilibre sur un cylindre, d’autres qui rentrent à huit dans une sphère fermée de 5 mètres pour y… rouler à toute vitesse en moto, d’autres qui sautent dans tous les sens grâce à des trampolines et autres balançoires, et enfin un numéro très beau où deux acrobates s’élancent dans les airs en s’accrochant simplement à un drap blanc…
Pour notre dernier jour à Shanghai, nous participons à un évènement de la nouvelle vie de nos hôtes. Tous les mois, Thomas & Nathalie doivent se rendre dans un pub irlandais pour y faire parader Antoinette (de son petit nom Margaret, ça lui va quand même bien mieux !), la chatte persane blanche qu’ils ont adopté temporairement. Tout cela se fait dans le cadre d’une association américaine de Shanghai, qui recueille des animaux abandonnés (principalement des chats car à Shanghai il faut un permis spécial pour avoir un chien plus gros qu’une certaine taille et c’est donc vite compliqué) et les place dans des familles d’accueil temporaires (principalement des expatriés comme Thomas&Nathalie qui ne peuvent pas garder le chat lors de leur retour en France) avant de trouver une famille d’accueil définitive. Aujourd’hui il faut donc qu’Antoinette se fasse belle pour taper dans l’œil d’une famille qui voudra bien la recueillir. Malheureusement (ou heureusement pour Thomas&Nathalie qui peuvent la garder un peu plus longtemps), personne ne montre d’intérêt particulier et Antoinette revient à la maison dans l’après-midi, mécontente d’avoir été dérangée dans son train-train quotidien, mais soulagée de retrouver sa place sur le canapé…
Pour le dernier soir, nous faisons une bonne pizza maison (grâce à la machine à pain que Nathalie a pris soin de mettre dans ses bagages, maligne la petite !). L’heure est ensuite venue de dire de nouveau au-revoir à Thomas & Nathalie mais il ne faut pas veiller, car le lendemain c’est la reprise du travail pour nous : nous volons vers le Vietnam et reprenons le rythme du voyage pendant 2 mois, avant de revenir passer 15 jours en Chine au mois d’Août. 
Nos impressions de Shanghai sont celles d’une ville très propre et très moderne, Un des exemples est le Maglev, le train à sustentation magnétique qui relie la ville et l’aéroport à 400km/h, unique au monde. A certains égards, la ville est même bien plus moderne que bon nombre de villes occidentales. 
Shanghai est la vitrine capitaliste de la Chine communiste et il faut que ça se voit. Ce sentiment est probablement renforcé par l’exposition universelle dont la taille est démesurée. Peu de gens encore parlent l’anglais et même si la grosse communauté d’expatriés facilite la vie sociale, pour parler d’intégration il n’y pas le choix, il faut maîtriser le chinois. Au final, nous sommes restés à Shanghai bien plus longtemps que prévu, sous la pression renouvelée de Thomas&Nathalie, mais aussi parce qu’on s’y sentait bien et qu’ils nous ont très bien reçus pendant une semaine. Pour nous c’était vraiment une semaine de parenthèse dans le voyage. Pour lire leur version des faits et voir des photos de la maison, visitez leur blog http://the-shanghai-life.blogspot.com
