mercredi 7 juillet 2010

Tranche d’Histoire & vestiges de la guerre à Saigon

Nous arrivons le mardi 15 juin à 5h du matin dans le centre de Saigon, après une nuit (la pire jusqu’à présent) dans les couchettes tout au fond du bus, juste au-dessus des amortisseurs… ce qui nous permet d’apprécier à sa juste valeur la rudesse de conduite du chauffeur et toutes les imperfections des routes… Heureusement notre hôtel nous donne accès à la chambre directement et nous pouvons y finir la nuit. Notre programme de la journée est dédié à la visite de Saigon ainsi qu’à l’étude des options qui s’offrent à nous pour rejoindre le Cambodge. Le plus simple et économique serait de nous joindre à un tour qui nous emmène une journée dans le delta du Mékong et nous fait passer la frontière en bateau le lendemain, mais nous en avons assez des tours et avons peur des arrêts « attrape-touristes » sur la route. De plus on nous a dit que cela ne valait pas le coup d’aller dans le delta du Mékong seulement pour une journée car on n’a pas le temps d’y pénétrer suffisamment pour y voir de belles choses. Nous préférons donc nous rendre par nous-mêmes à la frontière et rejoindre ensuite Phnom Penh en bateau, ce qui nous permet tout de même de faire un petit tour de 5-6 heures sur le Mékong !

Nous commençons notre visite de la ville sous notre première grosse pluie de mousson… Nous visitons le palais de la réunification, construit par les français pour le gouverneur d’Indochine et transformé ensuite en palais de l’Indépendance par le gouvernement du Sud-Vietnam (pro-américain) et dans lequel l’entrée des chars du Viet Cong le 30 avril 1975 marqua la fin de la guerre d’Indépendance et la défaite des Etats-Unis. Il est encore utilisé aujourd’hui pour les réceptions officielles de chefs d’Etat étrangers. Il est intéressant de constater le degré encore très élevé de propagande dans les descriptions qui sont faites de la guerre par les vietnamiens. Une page bien difficile à tourner... Ensuite nous visitons le musée des vestiges de la guerre. Nous n’avons qu’une petite heure pour le visiter et ne pouvons donc pas tout voir. Nous nous concentrons sur la partie dédiée aux prisons du Sud-Vietnam où les membres du Viet Cong étaient torturés, ainsi que la partie historique allant de la déclaration d’indépendance en 1945 jusqu’aux accords de Genève en 1954. Jusqu’à présent, c’est une période à laquelle nous avons été moins exposés par rapport à la deuxième guerre d’indépendance contre les Etats-Unis. P1080689

Nous avons une matinée de libre le lendemain avant de prendre un bus pour rejoindre la frontière et optons pour la visite des Cu-Chi Tunnels, que nous devons faire avec un tour. De nouveau, nous avons le droit à l’arrêt attrape-touriste dans un atelier embauchant des personnes handicapées suite à la guerre du Vietnam – belle initiative mais au final nous n’y achèterons rien de toute façon. L’arrivée aux Cu-Chi tunnels nous surprend un peu, l’endroit est très touristique et même quasiment construit comme un parc d’attractions ! Notre guide nous fait une démonstration des pièges disposés dans la jungle par les Viet Cong et nous marchons ensuite dans une portion des fameux tunnels pendant 100 mètres (de loin la partie la plus intéressante !). C’est vraiment très étroit, et il y fait extrêmement chaud et sombre - ça ne donne pas envie de passer des mois là-dedans comme les Viet Cong l’ont fait pendant la guerre ! Pouvoir marcher dans une portion de ces tunnels permet de réaliser le niveau de souffrance que les vietnamiens ont été capables d’endurer pour rejeter l’occupation américaine. On nous offre ensuite la possibilité un peu glauque de tirer en utilisant des armes utilisées par les deux camps pendant la guerre - nous passons notre tour… Nous terminons par un film documentaire sur la région de Cu-Chi, initialement paisible bourgade accueillant les habitants de Saigon pour leurs pique-niques dominicaux, et transformée par les américains en champ de guerre… ou du moins c’est la propagande dégagée du film. Au final, nous sommes un peu déçus de ce tour. Le décalage entre le traitement très léger du lieu et ce qui s’y est passé nous dérange un peu. Le comportement des organisateurs vietnamiens et des touristes (amusement à la description des pièges, tirs avec les armes de guerre, photos sur les tanks américains…) participe au malaise. Nous souhaitions en apprendre un peu plus sur cette guerre et voir de nos yeux ce qui a pu se passer dans certaines zones de combat…et nous avons eu droit à une sorte de mascarade pour touristes, la prochaine fois, nous nous abstiendrons. P1080707 P1080706P1080714

Nous rentrons ensuite à Saigon pour y prendre un « bus local » vers Chau Doc, la dernière ville vietnamienne avant la frontière cambodgienne. Nous pensions prendre un vrai bus local mais c’est en fait un minibus d’une compagnie privée (nous sommes quand même les seuls touristes) et nous partons finalement avec une heure et demi de retard (le temps que le minibus se remplisse d’autres passagers car il ne part pas tant qu’il n’est pas plein) et arrivons à Chau Doc vers 23h30. Heureusement nous y avions réservé un hôtel, mais sommes victimes de l’arnaque classique : en demandant à la compagnie de bus à quelle distance se trouve l’hôtel, ils nous répondent évidemment « très loin » et nous proposent un taxi. N’ayant pas de plan nous acceptons et nous rendons compte assez vite que le taxi fait en fait le tour du pâté de maison pour rendre le chemin effectivement un peu plus long, et nous dépose finalement à l’hôtel qui se trouvait en fait à 200m… Vue l’heure et le coût de la course, ce n’est pas bien grave…mais ça énerve toujours un peu !