Après une très courte nuit, nous nous réveillons à 6h45 le jeudi 17 juin pour prendre le bateau qui nous emmène jusque Phnom Penh. C’est en fait une longue pirogue sur laquelle nous naviguons pendant 2h30min jusqu’à la frontière – nous pouvons observer en route le quotidien des habitants locaux, qui vivent vraiment dans le Mékong : ils y pêchent, y construisent leur maison flottante, s’y lavent, s’y baignent, y font leur lessive et leur vaisselle, etc. Sur le chemin les enfants nous saluent chaleureusement, ils sont très mignons et cela fait plaisir de les voir nous dire bonjour juste comme ça, sans rien réclamer en retour… Nous retrouvons enfin des enfants innocents dans un pays en développement. 
Nous pensons que ces paysages ressemblent sans doute beaucoup à ce que nous aurions pu voir sur le delta du Mékong… Le passage du poste-frontière se fait sans aucune difficulté pendant que nous sommes tranquillement à table en train de déjeuner, l’agence de voyage s’occupant des formalités de visa. Le plus ennuyeux est que nous sommes « parqués » dans un restaurant trop cher, sans pouvoir sortir du poste frontière pour déjeuner dans les petits restaurants aux tarifs locaux… Nous changeons de bateau du côté cambodgien et repartons pour 3h30 min de navigation sur le Mékong. Nous terminons le trajet en bus jusque Phnom Penh, où nous arrivons en fin d’après-midi. 
Nous dînons le soir dans un petit restaurant qui sert de la nourriture cambodgienne et occidentale et craquons pour un steak frites et un ragoût de viande avec de la semoule… Nous rentrons dès le premier soir de plein pied dans l’histoire tumultueuse récente du Cambodge, car notre hôtel diffuse des films sur le Cambodge durant l’ère Khmer Rouge tous les soirs. Comme nous sommes en période de coupe du monde, le grand écran est monopolisé par les matches de foot et nous avons donc le droit de prendre le lecteur DVD dans notre chambre pour regarder le film ! Le film s’appelle The Killing Fields (La Déchirure en français) et, même s’il est un peu long et a quand même vieilli, mérite d’être vu pour toute personne voulant mieux comprendre cette période dans l’histoire cambodgienne. Par contre, ce n’est pas joyeux et il ne faut rien prévoir après car l’humeur n’y est plus.
Après une matinée de repos bien méritée, nous partons le lendemain à la découverte de Phnom Penh en commençant par l’Histoire avec le musée Tuol Sleng, une ancienne école saisie par les Khmers Rouges pour en faire leur plus grand centre de détention et de torture, dans lequel des milliers de cambodgiens ont péri. La visite est difficile, notamment à cause des photos de chaque prisonnier passé par là (et il y en a beaucoup, des salles et des salles entières de photos) y compris des enfants très jeunes. Nous y apprenons un peu plus sur l’histoire cambodgienne et surtout sur le fait que de nombreuses questions restent sans réponse encore à ce jour, y compris les motivations et aspirations des Khmers Rouges… La fin de l’exposition fait un point sur la situation actuelle et le jugement prochain des quatre haut responsables Khmers Rouges encore vivants (la plupart sont déjà morts) qui devrait avoir lieu fin 2010/début 2011. 30 ans après la chute du régime… Il est troublant de savoir qu’en 1979 lorsque les Khmers Rouges sont tombés, la communauté internationale les a soutenus contre les Vietnamiens qui avaient envahi le pays. Ils ont eu un siège à l’ONU jusqu’en 1990 et à la fin des années 90 d’anciens Khmers Rouges ont retourné leur veste pour s’allier au gouvernement élu démocratiquement au Cambodge… et ont eu le droit d’y exercer des fonctions officielles ! Le premier ministre actuel est d’ailleurs un ancien Khmer Rouge qui a retourné sa veste en 1977 contre Pol Pot… C’est seulement en 2006 que les anciens Khmers Rouges ont commencé à être arrêtés pour être jugés. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour accomplir le travail de deuil et gérer l’après-trauma … 
Ensuite nous voulions visiter le Palais Royal et la Pagode Dorée, mais c’est l’anniversaire de la Reine aujourd’hui et c’est donc fermé ! Nous nous promenons alors au bord de la rivière avant de nous faire surprendre par une pluie de mousson qui nous incite vite à rentrer à l’hôtel en tuk-tuk ! Les rues sont inondées en quelques minutes avec 50cm d’eau. Nous espérons simplement que le tuk-tuk ne tombe pas en panne ! Avant de quitter Phnom Penhm nous retournons au même restaurant que la veille pour faire le plein de viande. Nous y retrouvons par hasard un français rencontré la veille dans le bateau sur le Mékong… Que le monde des voyageurs est petit !
