vendredi 30 juillet 2010

L’hospitalité et l’humanité laotiennes en une journée à Vientiane

Pas de réveil au son de l’hymne national pour nous en ce 14 juillet. Nous sommes victimes d’une panne d’oreiller et nous réveillons une petite demi-heure à peine avant que notre tuk-tuk ne vienne nous chercher pour nous emmener à la gare routière. Nous quittons Luang Prabang en bus pour Vientiane. Nous avons choisi le bus VIP (qui n’a de VIP que le nom…) qui est censé mettre un peu moins de temps que les autres (« seulement » 8h). Au final nous mettrons quand même 9h30minutes. Nous avons les deux places à l’avant du bus à l’étage et profitons donc au maximum de la conduite (dangereuse) du chauffeur et de la route… Nous en venons à nous demander s’il existe des cours de conduite au Laos tant les conducteurs font n’importe quoi (dépassement dans le virage sans visibilité, pas de ralentissement en croisant un gros camion et donc « frottage » des rétroviseurs, engagement sur la route sans regarder et contact avec une jeep qui avait le malheur de passer par là, pause pipi du chauffeur en plein dans le virage, etc.). Nous arrivons malgré tout sains et saufs à Vientiane en fin de journée et trouvons un petit hôtel pour y passer notre dernière nuit au Laos. Comme c’est le 14 juillet, nous cherchons un peu de gastronomie française pour le dîner et craquons pour une assiette de charcuterie et fromage à partager… Malheureusement c’était un piège à touristes, une belle arnaque avec un bout de fromage et 3 tranches de jambon. Heureusement nous avions pris un kir en apéritif qui lui était bien un kir!

Le lendemain, jeudi 15 juillet, nous avons une petite demi-journée pour visiter Vientiane et commençons par le temple That Lang, le monument le plus important du Laos (d’après le guide). Nous mettons un peu de temps à y arriver car notre tuk-tuk avance péniblement et à chaque démarrage nous pensons qu’il va falloir changer de moyen de locomotion… Le temple est recouvert de feuilles d’or, ce qui le rend imposant mais peut-être moins intéressant que d’autres temples dont nous avons pu admirer l’architecture plus riche. DSC03207 En sortant du temple, nous sommes abordés par deux femmes qui nous expliquent que des célébrations ont lieu aujourd’hui pour les funérailles du chef du bouddhisme laotien. Nous pensons d’abord qu’elles essayent de nous faire comprendre que nous ne sommes pas les bienvenus dans ce moment difficile, mais découvrons vite qu’il en est tout autrement. Elles souhaitent au contraire que nous participions aux célébrations, pour rendre hommage au moine défunt. Nous sommes alors pratiquement forcés de profiter des boissons offertes et prenons un chocolat glacé et un café glacé. Un moine vient alors à notre rencontre et nous explique que le défunt est mort le 16 juin et que la cérémonie de ses funérailles n’aura lieu que le 17 juillet, un mois après sa mort. DSC03215 Pendant ce mois, des cérémonies ont lieu tous les jours, pour donner l’occasion à tout le monde de venir rendre hommage au défunt. Boissons et nourriture sont à disposition de tout le monde pendant ces cérémonies. Nous sommes frappés par la joie qui règne pour cet évènement que nous aurions imaginé funeste. Après quelques minutes, nous pensons partir, ne voulant pas abuser de leur hospitalité et nous sentant tout de même un peu mal à l’aise à profiter de boissons offertes en l’honneur d’un homme que nous ne connaissons pas (et dont nous avons déjà oublié le nom). Cependant, nos hôtes nous implorent de rester déjeuner pour la énième fois et nous cédons finalement. Un buffet laotien a été dressé et tout le monde peut se servir à sa guise. DSC03216 Nous mangeons un peu (il est encore tôt et nous n’avons pas très faim) et partons finalement car l’heure tourne, sans manquer de saluer une dernière fois nos hôtes si généreux. Nous sommes charmés par une telle hospitalité et ne revenons pas de ce qui vient de nous arriver. Après quelques discussions, nous arrivons à la triste conclusion que la raison de notre surprise est probablement qu’une telle hospitalité n’existe pas (ou plus) dans nos sociétés occidentales…

Avant de rentrer à l’hôtel, nous faisons un détour par le centre de réhabilitation COPE, recommandé par notre guide de voyage. C’est un centre qui propose des soins médicaux et en particulier des prothèses aux handicapés du Laos. Ce centre a été ouvert aux visiteurs en 2008. Grâce aux explication dispensées, nous apprenons que la plupart des bénéficiaires du centre sont handicapés suite à l’explosion de mines anti-personnelles, les mêmes qu’on trouve au Cambodge (ou ailleurs) et funeste conséquence du carpet bombing américain pendant la guerre du Vietnam. Pays frontalier, le Laos a été la cible de l’équivalent d’un bombardement toutes le 4 minutes pendant les dernières années de la guerre... Nous craignons au début que la visite ne soit trop proche de celle du Landmine Museum de Siem Reap, cependant elle s’avère très différente et complémentaire. Nous y apprenons ainsi qu’il existe un marché du métal dont sont faites les bombes, encourageant les villageois à partir à la recherche de bombes non explosées pour les revendre, prenant ainsi des risques inconsidérés. Le centre explique également les différentes techniques développées pour adapter les prothèses ou fauteuils roulants à la vie des locaux (par exemple faire un fauteuil plus bas pour que la personne handicapée puisse y monter seule car souvent les membres de sa famille ne sont pas présents la journée pour s’occuper d’elle). Enfin, on nous rappelle également que le handicap ne vient pas que des mines mais aussi d’autres accidents ou tout simplement le résultat d’une malformation génétique, et qu’il est bien plus difficile à assumer dans un pays en voie de développement dans lequel aucune infrastructure n’est adaptée aux handicapés. Ayant bénéficié d’un repas offert par les moines, nous décidons de faire donation des dollars que nous aurait coûté le repas à cette bonne cause. Nous partons ensuite dans des discussions comme quoi les gens qui travaillent pour de telles causes savent vraiment à quoi leur travail sert et pourquoi ils se lèvent le matin. Cela nous fait réfléchir…

Mais il est grand temps de partir à l’aéroport de Vientiane pour prendre notre avion vers Kuala Lumpur où nous arrivons tard dans la soirée.